ique ma conscience me permette de me tenir la tete haute partout et
devant tous, il n'en est pas moins vrai qu'aux yeux du monde il y a une
tache sur mon front.
A ce moment, M. Haupois rentra dans le bureau.
--Nous avons cause; Madeleine est la meilleure des filles, la plus
tendre, la plus genereuse, nous nous entendrons.
Madeleine remarqua que son oncle avait fait toilette, et elle se rappela
que pour lui c'etait l'heure de sa promenade habituelle.
--Est-ce que vous voulez bien que je vous accompagne aux Champs-Elysees?
dit-elle.
V
Comment faire savoir a Leon que Madeleine etait a Paris?
Ce fut la question qu'on agita.
Comme on avait rompu toutes relations avec lui, on ne pouvait pas lui
ecrire; d'ailleurs, se decidat-on a employer ce moyen, il etait a peu
pres certain que Cara recevait elle-meme toutes les lettres qu'on
adressait a Leon, et qu'elle ne les lui remettait qu'apres un examen
prealable; elle garderait donc celle ou l'on parlerait de Madeleine.
Byasson fut d'avis que le mieux etait de proceder ouvertement,
publiquement: tous les journaux s'occupaient de Madeleine; il
raconterait a un journaliste l'histoire vraie de celle-ci, c'est-a-dire
l'histoire de son origine et de sa vocation, et le surlendemain dans
tous les journaux de Paris on lirait cette histoire, arrangee avec la
seule preoccupation de cacher plus ou moins habilement la source ou on
l'avait puisee.
Si Cara exercait son controle sur les lettres, elle ne pouvait pas se
defier des journaux. Leon serait donc surement informe de la presence de
Madeleine a Paris; il est vrai que le public apprendrait aussi que
mademoiselle Harol n'etait autre que mademoiselle Madeleine Haupois,
fille d'un ancien magistrat, et niece de M. Haupois-Daguillon, le
celebre orfevre de la rue Royale; mais c'etait la un secret qui devait
eclater tot ou tard, et mieux valait le reveler utilement que de laisser
cette revelation au hasard, qui n'en tirerait pas profit.
Les choses s'arrangerent ainsi, et grande fut la surprise de Leon
lorsqu'en parcourant son journal d'un oeil distrait il fut frappe par
son nom. En ces derniers temps, il avait eu le desagrement de voir son
nom assez souvent imprime dans les journaux, pour le reconnaitre a
premiere vue, meme lorsqu'il etait noye au milieu d'un article. Cette
fois ce n'etait pas a la rubrique des tribunaux que ce nom se montrait,
c'etait a celle des theatres.
Madeleine a Paris! Madeleine etait cette
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