es dangers de sa
situation; mais n'ayant pas pris de precautions pour surveiller Leon,
elle ignora ou il avait passe sa soiree.
--Je me suis promene, dit-il, quand elle lui demanda comment il avait
employe son temps.
Mais bientot un fait beaucoup plus grave que son refus d'aller a l'Opera
vint jeter sur cette situation une eblouissante lumiere.
Le moment etait venu pour Leon d'adresser a ses parents le troisieme
acte respectueux apres lequel, selon le langage de la loi, il pourrait
passer outre a la celebration de son mariage. Deux jours avant
l'expiration du delai dans lequel cet acte pouvait etre signifie, il
recut une lettre de son notaire, par laquelle celui-ci le priait de
passer a son etude. Bien entendu, ce fut a Cara qu'on la remit; mais en
voyant la griffe de Me de la Branche, elle n'eut garde de retenir ou de
decacheter une lettre dont elle croyait connaitre le contenu. C'etait
par Riolle que lui avait ete recommande le notaire de la Branche comme
un homme capable de donner un peu de la consideration dont il jouissait
a ses clients, et elle avait toute confiance dans les recommandations de
son ami Riolle.
Leon se rendit donc a l'invitation de son notaire; celui-ci le recut
avec une figure grave et un air recueilli:
--Monsieur, lui dit-il, le moment arrive ou, selon vos instructions, je
dois notifier a M. votre pere et a madame votre mere le troisieme et
dernier acte prescrit par l'article 152 du Code; avant de proceder a cet
acte, j'ai cru devoir vous demander si vos intentions n'avaient pas
change. De tous les actes de notre ministere, celui-la est peut-etre le
plus grave, et c'est chose tellement serieuse qu'un mariage contracte en
opposition avec la volonte de nos parents, que je croirais manquer aux
devoirs de ma profession si, avant d'instrumenter, je ne provoquais une
nouvelle et derniere affirmation de votre volonte calme et reflechie. Il
ne m'appartient pas de vous conseiller, je sortirais de mon role,
puisque je ne suis pas votre conseil, mais je dois vous avertir, et
c'est ce que je fais en vous demandant de ne me repondre qu'apres vous
etre recueilli.
Leon se leva, mais le notaire le pria d'un geste de lui preter encore
quelques instants d'attention:
--En tout etat de cause, dit-il, je vous aurais fait entendre ces
observations, qui pour moi, je vous le repete, sont affaire de
conscience; mais je dois vous dire, pour ne rien vous cacher, que j'ai
recu une visite qui enleve a mon inte
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