qui se celebrera quand la
nullite du votre aura ete prononcee par la cour de Rome.
Cara ne broncha pas.
--Si je vous annonce ce mariage, continua Byasson, vous sentez que c'est
parce que nous avons la certitude que vous ne pouvez pas l'empecher:
Leon aime sa cousine, et rien ne guerit mieux un ancien amour qu'un
nouveau; toute tentative de votre part serait donc inutile, vous savez
cela mieux que moi. Cependant, comme vous pourriez avoir la fantaisie
d'engager une lutte qui, pour n'etre pas dangereuse, n'en serait pas
moins agacante, je vous offre trois cent mille francs que je prends
l'engagement d'honneur de vous payer le jour de notre mariage, si d'ici
la vous nous laissez en paix.
--Et combien m'offrez-vous pour que je ne soutienne pas la validite de
mon mariage?
--Rien; nous sommes surs d'obtenir la nullite que nous demandons, nous
ne pouvons donc pas vous la payer: d'ailleurs trois cent mille francs
c'est une belle somme et qui represente largement les sacrifices que
vous avez pu faire en vue d'assurer votre mariage avec mon jeune ami.
Elle palit et ses levres se decolorerent; mais elle se raidit et, par un
effort de volonte, elle parvint a amener un sourire sur ses levres
fremissantes:
--Vous aviez voulu m'etrangler comme une bete malfaisante, dit-elle,
vous realisez aujourd'hui votre desir.
--Convenez au moins que l'empreinte de mes doigts est adoucie par les
chiffons de papier qui les enveloppent.
Cara, ainsi que l'avait dit Byasson, savait mieux que personne toute la
force d'un nouvel amour; cependant elle voulut voir si elle ne pouvait
pas reconquerir Leon en perdant Madeleine, ce qui etait sa seule chance
de succes; mais Sciazziga, sur qui elle comptait, ne put pas l'aider;
d'ailleurs, apres un moment de depit, il s'etait resigne a toucher ses
deux cent mille francs, et maintenant il n'attendait plus que ce moment
pour aller vivre en Italie heureux et tranquille, n'ayant d'autre regret
"_que de_ voir _oune_ grande artiste finir miserablement dans _oune
mariaze bourzeois_."
Battue de ce cote, Cara, qui ne voulait pas exposer ses trois cent mille
francs, n'eut plus d'esperance que dans la validite de son mariage, car
il etait bien certain que si la famille Haupois-Daguillon croyait ne pas
pouvoir obtenir de la cour de Rome la nullite de ce mariage, elle lui
payerait cher son acquiescement a la demande en nullite: c'etait une
derniere carte a jouer, et il fallait la jouer serieusement;
malh
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