, ni le bal qui eut
lieu sous une tente dressee dans la cour d'honneur du chateau de
Noiseau.
De tous les amis de la famille, Byasson seul manqua a cette soiree; il
quitta Noiseau apres le diner, et a dix heures, il arrivait rue Auber,
portant dans ses poches trois cent mille francs.
Cara l'attendait; elle recut les billets et les compta avec un calme
parfait:
--Maintenant, dit-elle, nous avons une derniere affaire a traiter:
combien m'achetez-vous les trente-trois lettres que voici: elles sont de
Leon, tres-tendres, quelquefois passionnees, d'autres fois legeres, et
si j'en envoie une chaque jour a madame Haupois jeune, je crois que
celle-ci passera une assez vilaine lune de miel.
Byasson resta un moment embarrasse, puis il allongea la main vers le
paquet de lettres:
--Vous permettez? dit-il.
--Si vous voulez, je vais vous en lire deux ou trois.
--Non, merci, je ne tiens pas a entendre, il me suffit de voir.
Et il feuilleta les lettres qui etalent rangees depliees les unes
par-dessus les autres:
--Elles n'ont ni enveloppes ni adresses, dit-il apres son examen, cela
leur ote pour nous une valeur qu'elles auraient, je l'avoue, si elles
portaient votre nom et le timbre de la poste; mais, telles quelles sont
en cet etat, elles ne signifient rien, car si vous les envoyez a madame
Haupois jeune, celle-ci, qui a entendu parler de vous, croira que vous
avez fait fabriquer ces lettres en imitant l'ecriture de son mari.
Desole de ne pouvoir faire cette petite affaire; mais j'espere que celle
des trois cent mille francs vous suffira pour vivre dignement en veuve
de Leon, comme vous en manifestiez le desir autrefois.
Ces trois cent mille francs ne suffirent pas a cela cependant, car deux
ans apres, le lendemain du bapteme de son second petit-fils, M.
Haupois-Daguillon recut la lettre suivante, qui lui apprit que Cara
etait dans une facheuse situation:
"Monsieur,
"Vous trouverez ci-inclus, un paquet de trente-trois lettres, ce sont
celles que votre fils m'ecrivit, et c'est tout ce qui me reste de lui.
"Je vous les remets ne voulant pas m'adresser a lui pour me secourir
dans la position desesperee ou je me trouve: je vais etre expulsee de
mon logement et mon pauvre mobilier va etre vendu si jeudi je ne paye
pas, on si quelqu'un ne paye pas pour moi, une somme de quatre mille
francs, entre les mains de l'huissier qui me poursuit: Bonnot, 1, rue
Drouot.
"Veuillez agreer; monsieur, l'assurance des senti
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