serons quand tu auras ete releve de ton conseil
judiciaire. Notre Societe est formee pour cinq annees; elle te reconnait
une part de propriete egale a la notre; la raison sociale sera:
Haupois-Daguillon et fils; et la direction de notre maison de Madrid
sera, si tu le veux bien, confiee a Saffroy.
Ces derniers mots s'adresserent a Madeleine autant qu'a Leon.
La lecture de cet acte et les commentaires dont l'accompagna M. Le
Genest de la Crochardiere, homme discret et prolixe,-presque aussi
prolixe en ses discours qu'en son nom,-occuperent tout le reste de la
soiree.
Leon voulut conduire Madeleine jusqu'a la porte de son ancien
appartement, puis avant de rentrer rue Royale, il voulut aussi
reconduire Byasson, car il avait a entretenir celui-ci d'une affaire
delicate dont il ne pouvait parler ni devant Madeleine ni devant ses
parents.
--Mon cher ami, dit-il, avez-vous assez confiance dans l'associe de la
maison Haupois-Daguillon pour lui preter trois cent mille francs?
--Je te previens que si tu veux employer cet argent a payer le dedit de
Madeleine, tu n'as pas besoin de t'endetter; il est convenu que ton pere
prend ce dedit a sa charge et qu'il traitera avec Sciazziga. Quant a
l'engagement que Madeleine a signe a l'Opera, il sera expire avant que
vous puissiez vous marier.
--Ce n'est point de Madeleine qu'il s'agit, c'est de Cara; elle a vendu
son mobilier pour moi, et cette vente lui a fait subir une perte.
--On pretend, au contraire, qu'elle lui a donne un gros benefice.
--Ceci est affaire d'appreciation: de plus elle m'a prete diverses
sommes; j'estime que ces sommes et que l'indemnite que je lui dois
valent trois cent mille francs. Voulez-vous les payer en mon nom, car je
ne veux pas la revoir. Si vous me refusez, je serai oblige de m'adresser
a mes parents, et cela me coutera beaucoup; je ne voudrais pas mettre
cette nouvelle depense a leur charge, je voudrais, au contraire,
l'acquitter avec mes premiers benefices.
--Eh bien! je te les preterai, mais a une condition qui est que je ne
les verserai a Cara que le jour de ton mariage; et des demain j'irai
regler cette affaire avec elle.
Le lendemain matin, en effet, Byasson se rendit rue Auber: il fut recu
avec empressement.
--Ou est Leon? demanda-t-elle avec anxiete.
--Rassurez-vous, il n'est pas perdu; il est chez ses parents dont il
devient l'associe: cette association est consentie en vue de son
prochain mariage avec sa cousine Madeleine
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