rvention tout caractere de
spontaneite, celle d'un de vos anciens amis, d'un ami de votre famille,
M. Byasson. Il m'a apporte des documents dont il m'a, jusqu'a un certain
point, oblige a prendre connaissance, lesquels documents portent contre
la personne que vous vous proposez d'epouser, des accusations de la plus
haute gravite. M. Byasson voulait que je m'en chargeasse pour vous les
communiquer. Je n'ai pas cru pouvoir accepter cette mission; mais j'ai
pris l'engagement de vous avertir et en tous cas de ne pas proceder a
la derniere sommation avant que vous m'ayez dit que vous avez vu M.
Byasson.
Leon aimait peu qu'on lui donnat des lecons; cette facon de disposer de
lui l'exaspera.
--Il me semblait, dit-il, que vous etiez mon notaire et non celui de M.
Byasson ou de ma famille.
M. de la Branche, bien que jeune encore, avait cette qualite rare de ne
pas se facher et de ne jamais se laisser emporter:
--Parfaitement, dit-il, de son ton calme; aussi est-ce comme votre
notaire, c'est-a-dire, en prenant a coeur ce que je crois vos interets,
que j'agis en tout ceci, selon ma conscience; et je vous adjure,
monsieur, d'ecouter la votre plutot que votre susceptibilite qui, j'en
conviens, peut en ce moment se trouver blessee. Mais reflechissez,
surtout voyez M. Byasson, et, apres avoir fait acte d'homme raisonnable
qui ne ferme point de parti pris les yeux a la lumiere, nous reprendrons
cet entretien. D'aujourd'hui en huit, a pareille heure, si vous le
voulez bien, je serai a votre disposition.
Leon resta pendant cinq jours sans aller chez Byasson, fache contre
celui-ci, irrite contre son pere et sa mere, furieux contre Cara qui ne
l'avait jamais vu de pareille humeur, exaspere contre lui-meme et
changeant d'avis dix fois par heure sur la question de savoir s'il
suivrait ou ne suivrait pas l'avis du notaire. Comme pendant ces cinq
jours il ne vit point Madeleine, il s'enfonca de plus en plus dans sa
colere. Enfin, se disant qu'il ne devait point paraitre avoir peur des
revelations qu'on lui annoncait, il arriva un matin chez Byasson.
Celui-ci, qui ne l'avait pas vu depuis leur voyage a Liverpool, le
recut sans un mot de reproches, doucement, affectueusement:
--Je t'attendais, lui dit-il en lui serrant la main; si j'avais pu
penetrer jusqu'a toi, je t'aurais evite la peine de venir jusqu'ici, ce
qui te fera peut-etre gronder, et je t'aurais porte certains
renseignements que tu dois connaitre.
--Ces renseignemen
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