de
commerce a notre fils le jour de son mariage, et a toi notre niece et sa
femme, nous donnerons un million.
C'est un gros chiffre qu'un million, mais dans la bouche de M. Haupois
il devenait beaucoup plus gros et beaucoup plus prestigieux encore que
dans la realite. Un million de dot!
Il trouva habile de rester sur l'effet que ce mot avait du produire.
--Je suis oblige de sortir pour quelques instants, dit-il, je te laisse
avec ta tante, j'espere te retrouver.
Ce ne fut point la langue des affaires que madame Haupois-Daguillon fit
entendre a Madeleine; elle ne chercha point a l'eblouir en faisant
miroiter des millions devant ses yeux; elle ne lui parla que
d'affection, que de tendresse, que de famille.
Et ce que Byasson avait dit elle le repeta, mais en mere qui cherche a
sauver son fils.
Madeleine fut beaucoup plus sensible a ce langage qu'elle ne l'avait ete
a celui de son oncle, qui plus d'une fois l'avait blessee.
Ce fameux million qu'on lui offrait, elle avait la conscience de
pouvoir le gagner. Si elle acceptait de devenir la femme de Leon, ce ne
serait point pour un million, ni pour deux, ni pour dix, ce serait par
amour ... si, comme on le lui disait, il l'aimait encore; ce serait par
un sentiment de devouement.
Sa tante, en s'adressant a ce sentiment, produisit donc sur elle un tout
autre effet que le million.
L'emotion de la mere, sa tendresse, ses angoisses passerent en elle, et
quand elle vit sa tante, naguere si haute et si fiere, se mettre a ses
genoux pour la prier, pour la supplier de sauver Leon, elle la releva en
la serrant dans ses bras:
--Je verrai Leon, dit-elle.
--Mais il t'aime, chere enfant, il n'a jamais cesse de t'aimer, c'est
pour t'oublier qu'il s'est jete dans les bras de cette femme.
--Qui sait si elle n'a pas reussi? avant que je vous reponde,
permettez-moi donc de m'entretenir avec Leon, et soyez certaine que si
je trouve dans son coeur le sentiment dont vous parlez, auquel vous
voulez croire....
--Auquel nous croyons tous.
--Soyez certaine que je ne penserai qu'a ce sentiment. Je n'ai pas le
droit, chere tante, de me montrer bien rigoureuse, bien exigeante. Moi
aussi j'ai besoin d'indulgence. Moi aussi j'ai a me faire pardonner.
Sa tante la regarda avec une anxieuse curiosite:
--Et quoi donc? demanda-t-elle.
--Ma profession. Ce n'est plus Madeleine Haupois que vous donnez pour
femme a votre fils, c'est Madeleine Harol. Je suis comedienne, et,
quo
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