ndre pour femme. M.
et madame Haupois-Daguillon ont refuse leur consentement a ce mariage,
par cette seule raison que vous n'aviez pas une qualite qui, pour eux, a
cette epoque, passait avant toutes les autres, la fortune. On a envoye
Leon en Espagne, et en son absence, a son insu, on a voulu vous faire
epouser Saffroy. C'est alors que vous avez quitte la maison de votre
oncle, entrainee par votre vocation pour le theatre, et dominee plus
encore, n'est-ce pas? par l'horreur que vous inspirait un mariage ...
qui vous blessait dans vos sentiments. Rassurez-vous, mon enfant; mon
intention n'est pas de chercher a savoir quel etait alors l'etat de
votre coeur. Lorsque Leon revint, il fut veritablement desespere. Il
vous chercha partout, a Paris, a Rouen, a Saint-Aubin, et, de retour a
Paris, il continua ses recherches. Si vous aviez pu voir alors quelle
etait sa douleur, vous seriez revenue. Le temps amena pour lui, comme
pour nous tous, la conviction qu'on ne vous reverrait jamais. Ce fut
alors que Leon fit la connaissance de cette femme. Comment se
laissa-t-il prendre par elle? Je vais vous repeter les mots memes dont
il s'est servi en me l'expliquant et que je n'ai point oublies:
"Puisque ma famille m'empechait d'epouser celle aupres de laquelle
j'aurais vecu heureux, j'ai pris pour maitresse une femme qui a ete
assez habile, non pour me faire oublier celle que j'ai aimee, que j'aime
toujours, car rien n'effacera de mon coeur le souvenir de Madeleine,
mais pour me consoler." Ainsi c'est la consolation, c'est l'oubli qu'il
a cherche aupres de cette femme; il y a trouve la folie et la honte. Je
vous ai dit qu'il s'etait marie a New-York. Je vous ai dit que ses
parents avaient demande la nullite de ce mariage, laquelle a ete
prononcee. Mais Leon, de plus en plus aveugle, affole, a fait faire des
sommations respectueuses a son pere, et dans deux mois, si d'ici la rien
ne l'arrete, il va epouser cette femme par un mariage cette fois
indissoluble. Mon enfant, voulez-vous l'arreter, voulez-vous le sauver?
--Moi!
--Vous seule le pouvez; sans vous il est perdu, et ses parents reduits
au desespoir meurent de chagrin et de honte, car cette femme est la plus
miserable creature que la boue de Paris ait produite. Dites un mot, il
est au contraire sauve, car il vous aime, je vous le repete, il vous
aime toujours, et le mot que je vous demande, c'est votre consentement a
devenir sa femme. Vous allez me repondre que ses parents n'ont p
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