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humilie par ces reclamations honteuses de Rouspineau et de Brazier. A
ton retour, tu serais debarrasse d'eux, et cela aussi est un point
important a considerer. Ce n'est pas le seul: au lieu de menager ton
argent, tu as ete vite; esperant faire des benefices qui te
permettraient de payer Brazier et Rouspineau, tu as parie aux courses et
tu as perdu; de plus, toujours pour le meme motif, tu as confie d'assez
fortes sommes a ton ami Gaussin qui, avec ses combinaisons, devait
ruiner la banque de Monte-Carlo, et qui s'est tout simplement ruine
lui-meme en te perdant ton argent; de sorte que tu es presentement dans
une assez mauvaise situation financiere. Si tu voyages, tes parents
seront obliges de t'accorder des frais de route; et ils le feront sans
doute assez largement pour que tu puisses economiser dessus quelque
bonne somme qui, a ton retour, te sera utile. Voila les pensees qui me
sont venues a l'eglise, et c'est pourquoi je te dis d'accepter la
proposition de ta mere; pour elle, pour toi, pour nous. Maintenant tu
feras ce que tu voudras; moi au moins j'aurai la conscience tranquille
et satisfaite, ce qui est quelque chose.
Tout cela etait si raisonnable, si sage, qu'il ne pouvait pas ne pas en
etre touche. Evidemment son devoir de fils etait de donner a sa mere
malade la satisfaction qu'elle demandait. Evidemment son interet a
lui-meme etait de se debarrasser au plus vite de Brazier et de
Rouspineau. Evidemment en lui donnant ce conseil Hortense agissait avec
une delicate generosite: cela etait d'une femme de coeur.
Il ne pouvait veritablement que remercier celle qui avait eu assez
d'abnegation pour lui parler ce langage; ce qu'il fit.
Ce fut apres avoir dejeune avec sa chere Hortense, plus chere que
jamais, qu'il se rendit chez sa mere.
Quand celle-ci apprit qu'il consentait a partir, elle pleura de joie.
C'etait la premiere fois qu'il la voyait pleurer, car madame
Haupois-Daguillon n'etait pas femme a s'abandonner facilement a ses
emotions.
--Je ne mets qu'une condition a mon voyage, dit Leon en souriant
doucement; si quinze jours apres mon depart tu ne m'ecris pas que tu es
guerie, completement guerie, je reviens; car tu comprends bien, n'est-ce
pas, que ce voyage sera un pelerinage pour obtenir ton retablissement.
--Avant huit jours je serai guerie.
Madame Haupois-Daguillon se demanda si elle ne devait pas rappeler son
mari, pour qu'il vit Leon avant le depart de celui-ci, mais elle crut
qu'i
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