e et plus ferme que toi,--au bon Dieu. Je viens de
la Madeleine. J'ai ete bien longtemps, cela est possible, mais j'ai prie
jusqu'a ce que la lumiere se fasse dans mon esprit trouble et me montre
la route a suivre.
--Et de quelle route parles-tu? demanda Leon, qui etait fort peu
religieux de nature et d'education.
--De celle que nous devons prendre au sujet de la proposition de ta
mere: il faut que tu acceptes cette proposition.
--Tu veux que je parte en voyage, s'ecria-t-il, toi! c'est toi qui me
donnes un pareil conseil?
--Oh! le mauvais regard que tu m'as jete. Ne detourne pas les yeux, j'ai
lu ce qu'ils disaient; c'est une pensee de jalousie qui t'a arrache ce
cri.
--De surprise, de doute, en ne comprenant pas comment tu peux me
conseiller de partir.
--Oh! l'ingrat! Je pense a lui, je ne pense qu'a lui et a sa mere, je me
sacrifie, et il s'imagine que je lui conseille de s'en aller en voyage
pour etre libre pendant qu'il sera parti! Mais, si je voulais ma
liberte, qui m'empecherait de la prendre? Sommes-nous maries? Non,
n'est-ce pas? Je ne suis que ta maitresse, et je puis te quitter demain,
tout de suite. Si je ne le fais pas, c'est parce que je t'aime, n'est-ce
pas? et rien que pour cela. C'est parce que je t'aime que j'ai accepte
cette existence mesquine et bourgeoise, et non pour autre chose, non
pour les plaisirs et les avantages qu'elle me procure. Voila en quoi le
conseil judiciaire que tes parents t'ont donne est bon, c'est qu'en te
liant les mains et en te laissant sans le sou, il te prouve a chaque
instant que je t'aime pour toi, rien que pour toi. Eh bien! quand les
choses sont ainsi, je trouve mauvais que tu doutes de mon amour. Et je
trouve plus mauvais encore que tu en doutes au moment meme ou cet amour
s'affirme par le plus grand sacrifice qu'il puisse te faire. Mais je ne
veux ni quereller ni me facher. Tu as eu une mauvaise pensee,
oublions-la et revenons a ce que je te disais. Ta mere est malade, et tu
dois tout faire pour lui rendre la sante; pour cela, le meilleur moyen
c'est d'assurer son repos: qu'elle te sache en Allemagne, en Angleterre,
en Amerique, en Asie, tandis que je serai a Paris, et tout de suite elle
se retablira. Voila pour elle, a qui nous devons tout d'abord penser; si
plus tard tu peux lui apprendre que je t'ai moi-meme conseille ce
voyage, elle m'en saura peut-etre gre. Maintenant, occupons-nous de toi.
Si tu n'es pas malade, tu es en tout cas horriblement tourment
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