ses parents n'intervinssent
aupres de lui, soit en accourant eux-memes d'Amerique, soit en faisant
agir un homme d'affaires habile, et qu'ils n'arrivassent ainsi a changer
sa resolution, qui n'etait pas assez ferme pour qu'on put avoir pleine
confiance en elle.
Dans ces circonstances, le mieux etait donc de ne pas perdre une minute
et de faire celebrer aussi promptement que possible le mariage
religieux.
Elle savait que les mariages de ce genre se font facilement et
rapidement en Amerique, mais elle ignorait en quoi consistaient au juste
cette facilite et cette rapidite. On lui avait dit que l'acte de
naissance et l'acte de bapteme etaient les seules pieces qu'on exigeait;
cela etait-il vrai? Etait-il vrai aussi que les delais entre la demande
et la celebration etaient insignifiants? Elle voulait mieux que des
on-dit plus ou moins vagues; c'etait des certitudes qu'il lui fallait.
Le lendemain matin, alors que Leon etait encore au lit, elle sortit
"pour aller remercier le bon Dieu; son absence ne serait que de quelques
minutes, le temps d'aller a l'eglise la plus voisine, et elle revenait".
Ce fut en effet a l'eglise catholique la plus rapprochee qu'elle se fit
conduire; mais, au lieu de remercier le bon Dieu, elle entra a la
sacristie et demanda si elle pouvait parler a un pretre qui fut Francais
ou qui entendit le francais. A ces mots, un pretre qui arrangeait des
surplis dans un tiroir lui repondit avec un accent etranger
tres-prononce qu'il etait a sa disposition.
Il se preparait a entrer dans l'eglise, croyant qu'il s'agissait d'une
confession, quand elle le retint: elle venait lui demander un conseil
pour un mariage; et alors, dans un coin de la sacristie, elle lui
raconta l'histoire qu'elle avait preparee.
Elle venait d'arriver a New-York avec son fiance, et ils etaient presses
de partir pour l'Ouest; mais avant ils voulaient faire benir leur union
par l'Eglise, si toutefois on ne leur imposait pas de trop longs delais;
car si ces delais devaient les retenir a New-York, ils seraient obliges
de se mettre en route avant d'avoir recu le sacrement du mariage, ce qui
serait une grande douleur pour leurs ames chretiennes: elle desirait
donc qu'on abregeat ces delais autant que possible; elle etait disposee
a payer toutes les dispenses necessaires, et de plus a faire a la
chapelle de la tres-sainte Vierge un cadeau proportionne au service
qu'on lui aurait rendu.
L'entretien fut long et Cara le fit sans ce
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