t: rompre une liaison qui nous
desesperait; au lieu de la rompre cette liaison, tu l'as rendue plus
etroite et plus intime; et, au lieu de revenir a nous, tu t'en es
eloigne davantage.
--Mais....
--Ecoute-moi, jusqu'au bout, je t'ai dit que je ne voulais pas
t'adresser des reproches, tu verras que je ne t'ai pas trompe; ce n'est
pas de nous que je veux parler, c'est de toi. Par la position que tu as
prise, tu t'es mis dans l'impossibilite de payer tes creanciers, qui te
tourmentent et te harcelent. Je les ai vus. Je comprends que leurs
reclamations et leurs reproches doivent te rendre malheureux.
--Tres malheureux, cela est vrai.
--Il faut que cela cesse; il faut que tes dettes soient payees. Elles le
seront si tu veux. Que ton esprit n'aille pas encore trop vite; je ne
veux pas te faire des propositions inacceptables, te les imposer comme
tu parais le craindre. Il s'agit de donner une simple satisfaction a
ton pere et de lui prouver que ton coeur n'est pas ferme a la voix de la
conciliation. Quitte Paris pendant quelque temps, trois mois, deux mois
meme, seul bien entendu; fais un voyage ou il te plaira, et, a ton
retour, je te donnerai moi-meme, j'en prends l'engagement, tous tes
billets acquittes. Voila ce que j'ai obtenu de ton pere, et voila ce que
je demande. Je te l'ai dit, ce voyage sera une marque de condescendance
envers ton pere, et vos rapports, nos rapports s'en trouveront changes
du tout au tout. Pour moi, quelle chose capitale! J'avoue que ce ne sera
pas la seule: pendant ce voyage, dans le recueillement et dans la
solitude, tu pourras t'interroger, ce qui n'est pas possible a Paris,
et, au retour, tu agiras comme ta conscience ... ou comme ton coeur te
le conseillera, selon que l'un ou l'autre sera le plus fort. Je n'ai pas
besoin de te dire ce que je demanderai a Dieu. Mais enfin, quoi que tu
fasses, tu auras lutte; et, si ce n'est pas a nous que tu reviens, tu
auras au moins la satisfaction de nous avoir donne un temoignage de bon
vouloir: nous te plaindrons, nous te pleurerons, mais nous ne te
condamnerons plus. Reflechis a cela, mon enfant. Tu me repondras demain,
plus tard, quand tu voudras, quand tu seras fixe. Pour aujourd'hui,
embrasse-moi.
Ils s'embrasserent, emus tous deux.
--Viens quand tu voudras, dit-elle, puisque toute la journee je n'ai
qu'a t'attendre. A demain.
XXII
Si Leon n'avait pas ete en retard, il se serait assurement abandonne, en
sortant de la chambre d
|