r Leon le systeme de
l'absorption, a petites doses, lentement, savamment, et chaque jour elle
se rendit plus chere, surtout plus indispensable.
Vivant sous le meme toit, ils ne se quitterent plus, et, peu a peu, ils
en vinrent a sortir ensemble, le soir d'abord pour aller au theatre dans
une baignoire qu'ils louaient pour eux seuls et ou ils se tenaient
serres l'un contre l'autre, les jambes enlacees, la main dans la main,
ecoutant, riant, s'attendrissant ensemble.
Mais le soir ne leur suffit plus, et on les vit tous deux aux courses,
d'abord a la Marche, a Porchefontaine, au Vesinet, ou l'on a pour ainsi
dire l'excuse de la partie de campagne, puis a Chantilly, puis enfin a
Longchamps, devant tout Paris.
Le jeudi, il l'accompagna a Batignolles, rue Legendre, et rapidement il
devint l'ami, le pere des enfants qui, tres franchement, se prirent pour
lui d'une belle passion; il joua avec eux; il prit plaisir a leur faire
des surprises de joujoux, de gateaux ou de bonbons; il les emmena a la
campagne; en voiture, avec leur tante, bien entendu, diner dans les bois
ou au bord de l'eau.
--Quel bon pere, quel bon Papa-Gateau tu ferais! disait-elle.
Bientot il n'y eut plus qu'un jour par mois, le 17, ou Cara le laissa
seul, celui ou elle allait au Pere-Lachaise, en pelerinage au tombeau du
duc de Carami. Une fois il vint avec elle jusqu'a la porte du cimetiere.
Puis, la fois suivante, comme elle etait souffrante et pouvait a peine
se trainer, il lui donna le bras pour l'aider a monter jusqu'au tombeau,
et ensuite il l'accompagna toujours.
C'etait beaucoup pour Cara que Leon ne put pas se passer d'elle, mais ce
n'etait pas assez pour ses desseins; il lui fallait plus; il fallait
qu'il s'habituat a voir en elle plus qu'une maitresse, si agreable, si
seduisante que fut cette maitresse.
Lorsqu'ils allaient aux courses, Leon ne restait pas toujours a ses
cotes comme un jaloux, et alors quand elle etait seule dans sa voiture,
ses anciens amis, quelques-uns de ses anciens amants, les hommes du
monde dans lequel elle avait vecu l'entouraient, les uns pour lui donner
une banale poignee de main, les autres pour causer plus intimement avec
elle.
Un jour, en revenant, elle se montra si distraite, si preoccupee que
Leon ne put pas ne pas lui demander ce qu'elle avait. Elle repondit
qu'elle n'avait rien; mais son ton dementait ses paroles.
Enfin, apres le diner, lorsqu'ils furent en tete a tete, cote a cote,
elle se decida
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