d'assurances, et je n'ai pas cette table; en realite votre question se
resume a ceci: combien l'un ou l'autre de M. ou de madame
Haupois-Daguillon ont-ils encore de temps a vivre; et franchement je
n'en sais rien; vous etes mieux que moi renseigne a ce sujet; ont-ils
des infirmites, suivent-ils un bon regime, le coeur est-il solide, les
poumons fonctionnent-ils bien? Je ne sais pas; il y aurait vraiment
loyaute a vous de me renseigner. Vivront-ils longtemps encore?
Mourront-ils bientot? Faites-moi une offre raisonnable; nous
discuterons, et j'espere que nous nous entendrons, si, comme j'ai tout
lieu de le supposer, vous etes un homme pratique.
Byasson avait cru que sur le terrain commercial il aurait meilleur
marche de Cara, il vit qu'il s'etait trompe, et il resta un moment sans
repondre.
--Alors, vous ne voulez pas jouer cartes sur table? dit-elle, en
continuant; je croyais que vous me l'aviez propose, mettons que je me
suis trompee. C'est donc a moi de faire mon compte. Je vais essayer.
Quand j'ai connu votre ami, j'avais un mobilier qui valait plus de
600,000 fr. Votre ami s'etant trouve dans une mauvaise situation, j'ai
du pour lui venir en aide, vendre ce mobilier. Vous savez ce qu'est une
vente forcee. De ce qui valait 600,000 fr., j'ai tire 300,000 fr.
environ. C'est donc 300,000 fr. que votre ami me doit de ce chef. De
plus je lui ai prete 100,000 fr. De plus encore, j'ai fait pour son
compte diverses depenses, dont je puis fournir etat, s'elevant a environ
100,000 fr. Cela nous donne un total de 500,000 francs dont je suis
creanciere et sur lesquels il n'y a pas un sou a diminuer. Maintenant, a
ces 500,000 francs il faut ajouter ce qui m'est necessaire pour vivre
honnetement en veuve de Leon, et je ne pense pas que vous trouverez que
ma demande est exageree si je la porte a 25,000 francs de rente, c'est a
dire un capital de 500,000 francs. En tout, et repondant a votre
question, je vous dis que pour moi votre ami Leon vaut un million, si je
vends tout de suite et comptant, deux si je vends a terme. Qu'est-ce que
vous offrez?
Quand on est ne sur les bords du gave d'Oleron, on n'a pas beaucoup de
flegme; Byasson fit un saut sur sa chaise:
--Vous vous imaginez donc que Leon vous aimera toujours? s'ecria-t-il.
--Aimer! dit-elle en souriant, je croyais que notre parlions le langage
des affaires, au moins vous m'aviez dit que telle etait votre intention;
est-ce qu'avec une femme comme moi un homme tel qu
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