, sous
l'influence du narcotique puissant qui avait ete verse dans son vin. Et
il leur avait dit ce qu'il comptait en faire.
Et ils etaient partis, surs que, desormais, Pardaillan n'existait plus.
Quant a Fausta, leur mission remplie, ils sauraient bien la retrouver
et, en attendant, delivres du cauchemar de Pardaillan, ils se
surveillaient mutuellement tres etroitement, repris par leur haine
jalouse, l'un contre l'autre.
--Monsieur le chevalier, dit doucement d'Espinosa, comme s'il se fut
excuse, vous me voyez desespere de la violence que j'ai ete contraint de
vous faire.
--Monsieur le cardinal, repondit poliment Pardaillan, votre desespoir me
touche a un point que je ne saurais dire.
--Convenez du moins, monsieur, que j'ai tout fait pour vous eviter cette
facheuse extremite.
--Je confesse volontiers que vous m'avez averti loyalement. Quoique,
a vrai dire, je cherche vainement cette meme loyaute dans la maniere
speciale dont vous vous etes empare de ma personne.
--Ceci doit vous prouver, dit gravement d'Espinosa, et l'importance que
j'attachais a m'assurer de votre personne et la haute estime que je
professe pour votre force et votre vaillance.
--L'honneur n'est pas mince, j'en conviens, fit Pardaillan, avec son
plus gracieux sourire. Il a du moins cet avantage de me rassurer
pleinement sur l'avenir de mon pays. Jamais votre maitre ne regnera chez
nous. Il lui faut renoncer a ce reve.
--Pourquoi cela, monsieur?
--Mais, sourit Pardaillan, avec son air ingenu, s'il faut mille
Espagnols pour arreter un Francais, convenez que je peux etre bien
tranquille. Jamais S.M. Philippe d'Espagne n'aura assez de troupes pour
s'emparer de la plus mince portion de la plus petite de nos provinces!
--Il vous plait d'oublier, monsieur, que tous les Francais ne valent pas
M. de Pardaillan.
--Paroles precieuses, venant d'un homme tel que vous, repondit
Pardaillan, en s'inclinant. Mais, prenez garde, monsieur, avec de telles
paroles, vous allez m'inciter a pecher par orgueil!
--S'il en est ainsi, je suis pretre, vous le savez, et ne vous refuserai
pas l'absolution. Mais je suis venu ici m'assurer si vous ne manquez de
rien et si, durant cette longue semaine de detention, on a bien eu pour
vous tous les egards auxquels vous avez droit.
--Mille graces, monsieur. Je suis on ne peut mieux traite. C'est a tel
point que, lorsqu'il me faudra quitter ces lieux--car il faudra bien que
je m'en aille--j'eprouverai un verit
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