ort trop douce et trop rapide. Tu
mourras lentement, dans la nuit, mure dans une tombe. Tu acheveras de
mourir par la faim, l'horrible faim, comme tu disais tout a l'heure.
Regarde, Pardaillan, voici ton tombeau.
En disant ces mots, d'Espinosa avait sans doute actionne quelque
invisible ressort, car une ouverture apparut soudain, au milieu d'une
des parois du cachot.
D'Espinosa prit la lampe d'une main, alla chercher Pardaillan et le
saisit de l'autre, et, sans qu'il opposat la moindre resistance, car, le
malheureux, inconscient de sa force revenue, se contentait de gemir, il
le traina jusqu'a cette ouverture, et, elevant sa lampe pour qu'il put
mieux voir:
--Regarde, Pardaillan! repeta-t-il d'une voix vibrante. Vois-tu? Ici,
pas de lumiere, autant dire pas d'air. C'est une tombe, une veritable
tombe ou tu te consumeras lentement par la faim. Nul au monde ne connait
ce tombeau; nul que moi.
--Et sais-tu? Pardaillan, tiens, je vais te le dire a seule fin que ton
supplice soit plus grand--si toutefois tu te souviens de mes paroles--ce
tombeau qui tout a l'heure sera le tien, il a une issue secrete que,
seul, je connais.
--Tu la chercheras cette issue, Pardaillan, cela te fera une occupation
qui te distraira. Tu la chercheras, car tu ne veux pas mourir
maintenant. Mais tu ne la trouveras pas. Nul que moi ne saurait la
trouver. Et moi, dans un instant, je sortirai d'ici pour ne plus y
revenir. Mais, avant de sortir, je vais te pousser la et toi, en posant
le pied sur cette dalle que tu vois la, devant toi, tu actionneras
toi-meme le ressort de la porte de fer qui doit te murer vivant
la-dedans.
--Grace! gemit le malheureux fou qui se raidit. Je ne veux pas mourir!
Grace!...
--Je le sais bien, reprit d'Espinosa avec son calme terrible. Et,
cependant, tout a l'heure, tu entreras la, et, a compter de cet instant,
tu n'existeras plus.
--Et maintenant que tu sais ce qui t'attend, il faut que tu saches
pourquoi, n'ayant pas de haine contre toi, je l'ai fait: parce que les
hommes de ta trempe, s'ils ne viennent pas a nous, s'ils ne sont pas
avec nous, sont un danger permanent pour l'ordre de choses etabli par
notre sainte mere l'Eglise. Parce que tu as insulte a la majeste royale
de mon souverain. Parce que tu t'es dresse menacant devant lui et que tu
as voulu faire avorter ses vastes projets.
--Et maintenant que tu sais tout cela, maintenant que tu sais que tu vas
mourir, il faut que tu meures desespere de s
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