--C'est la fiancee de don Cesar pour qui je me sens une vive affection,
expliqua Pardaillan qui fixait d'Espinosa.
--Je sais, fit doucement celui-ci. C'est pourquoi je pense qu'il vous
importe peut-etre de savoir ou la trouver.
--Il m'importe beaucoup, en effet. A moins, reprit-il en fixant
davantage d'Espinosa, a moins qu'on ne l'ait arretee... avec le Torero,
peut-etre?
--Non, fit d'Espinosa avec une evidente sincerite. Le Torero n'a pas ete
arrete. On le cache. J'ai tout lieu de croire que maintenant que vous
voila libre, ceux qui le sequestrent comprendront qu'ils n'ont plus rien
a esperer puisque nous sommes d'accord et que vous emmenez le prince
avec vous, en France. En consequence, ils ne feront pas de difficulte
a lui rendre la liberte. Si vous tenez a le delivrer, orientez vos
recherches du cote de la maison des Cypres.
--Fausta! s'exclama Pardaillan.
--Je ne l'ai pas nommee, sourit doucement d'Espinosa.
Et, sur un ton indifferent, il ajouta:
--Ce vous sera une occasion toute trouvee de lui dire ces deux mots que
vous regrettiez si vivement de ne pouvoir lui dire avant votre depart
pour l'eternel voyage. Mais je reviens a cette jeune fille. Elle, aussi,
elle est sequestree. Si vous voulez la retrouver, allez donc du cote de
la porte de Bib-Alzar, passez le cimetiere, faites une petite lieue,
vous trouverez un chateau fort, le premier que vous rencontrerez. C'est
une residence d'ete de notre sire le roi qu'on appelle le Bib-Alzar, a
cause de sa proximite de la porte de ce nom. Soyez demain matin, avant
onze heures, devant le pont-levis du chateau. Attendez la, vous ne
tarderez pas a voir paraitre celle que vous cherchez. Un dernier mot a
ce sujet: il ne serait peut-etre pas mauvais que vous fussiez accompagne
de quelques solides lames, et souvenez-vous que passe onze heures vous
arriverez trop tard.
Pardaillan avait ecoute avec une attention soutenue. Quand le grand
inquisiteur eut fini, il lui dit, avec une douceur qui contrastait
etrangement avec le ton narquois qu'il avait eu jusque-la:
--Je vous remercie, monsieur... Voici qui rachete bien des choses.
D'Espinosa eut un geste detache, et, avec un mince sourire, il dit:
--A propos, monsieur, remontez donc cette ruelle. Vous aboutirez a
la place San Francisco, c'est votre chemin. Mais sur la place,
detournez-vous un instant de votre chemin. Allez donc devant l'entree
du couvent San Pablo... vous y trouverez quelqu'un qui, j'imagine, sera
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