es pieds, s'etira longuement, avec un sourire de
satisfaction.
Il regarda autour de lui avec un etonnement visible et apercut
d'Espinosa. Alors, comme un effraye, il se recula vivement jusqu'au mur,
qui l'arreta. Mais il ne se cacha pas le visage, il ne cria pas, il ne
gemit pas. Cependant, il considerait d'Espinosa avec une inquietude
manifeste. Le grand inquisiteur, qui le tenait sous le poids de son
regard froid et volontaire, fit deux pas vers lui. Pardaillan jeta
autour de lui ce regard de la bete menacee qui cherche le trou ou elle
pourra se terrer. Et, ne trouvant rien, ne pouvant plus reculer, il
effectua le seul mouvement possible: il s'ecarta. Et, en executant ce
mouvement, il surveillait attentivement le grand inquisiteur, qu'il ne
paraissait pas reconnaitre.
D'Espinosa sourit. Il se sentit pleinement rassure. Non qu'il eut peur,
il etait brave, la mort ne l'effrayait pas.
Mais il avait une tache a accomplir et il ne voulait pas partir en
laissant son oeuvre inachevee.
Il s'approcha donc de Pardaillan avec assurance et, de sa voix tres
calme, presque douce:
--Eh bien, Pardaillan, ne me reconnaissez-vous pas?...
--Pardaillan? repeta le chevalier, qui paraissait faire des efforts de
memoire prodigieux pour fixer les souvenirs confus que ce nom evoquait
dans son esprit.
--Oui, Pardaillan... C'est toi qui es Pardaillan, reprit d'Espinosa en
le fixant.
Pardaillan se mit a rire doucement et murmura:
--Je ne connais pas ce nom-la.
Et cependant il ne cessait de surveiller celui qui lui parlait, avec une
inquietude manifeste. D'Espinosa fit un pas de plus et lui mit la main
sur l'epaule. Pardaillan se mit a trembler, et d'Espinosa, sous son
etreinte, le sentit chanceler, pret a s'abattre. Pour la deuxieme fois,
il eut ce meme sourire livide, et, avec une grande douceur, il dit:
--Rassure-toi, Pardaillan, je ne veux pas te faire de mal.
--Vrai? fit anxieusement le fou.
--Ne le vois-tu pas? dit l'inquisiteur.
Pardaillan le considera longuement avec une mefiance visible et, peu
a peu, convaincu sans doute, il se rasserena et, finalement, se mit a
sourire, d'un sourire sans expression. Le voyant tout a fait rassure,
d'Espinosa reprit:
--Il faut te souvenir. Il le faut... entends-tu? Tu es Pardaillan.
--C'est un jeu? demanda le fou d'un air amuse. Alors, je veux bien etre
Par...dail...lan... Et vous, qui etes-vous?
--Je suis d'Espinosa.
--D'Espinosa? repeta le fou qui cherchait a s
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