s: cette origine
lui est commune avec le monde sorti du chaos, et avec l'homme qui pleure en
naissant."
[Note 3: 26 germinal an II (15 avril).]
En consequence de ces maximes, Saint-Just proposa une mesure generale
contre les ex-nobles. C'etait la premiere de ce genre qu'on eut rendue.
Danton, l'annee precedente, avait, dans un moment de fougue, fait mettre
tous les aristocrates hors la loi. Ce decret etant inexecutable par son
etendue, on en rendit un autre, qui condamnait tous les suspects a la
detention provisoire. Mais aucune loi directe contre les ex-nobles n'avait
encore ete portee. Saint-Just les montra comme des ennemis irreconciliables
de la revolution. "Quoi que vous fassiez, dit-il, vous ne pourrez jamais
contenter les ennemis du peuple, a moins que vous ne retablissiez la
tyrannie. Il faut donc qu'ils aillent chercher ailleurs l'esclavage et les
rois. Ils ne peuvent faire de paix avec vous; vous ne parlez point la meme
langue: vous ne vous entendrez jamais. Chassez-les donc! L'univers n'est
point inhospitalier, et le salut public est parmi nous la supreme loi."
Saint-Just proposa un decret qui bannissait tous les ex-nobles, tous les
etrangers, de Paris, des places fortes, des ports maritimes, et qui mettait
hors la loi ceux qui n'auraient pas obei au decret dans l'intervalle de dix
jours. D'autres dispositions de ce projet faisaient un devoir a toutes les
autorites de redoubler d'activite et de zele. La convention applaudit a la
proposition comme elle faisait toujours, et la vota par acclamation.
Collot-d'Herbois, le rapporteur du decret aux jacobins, ajouta ses figures
a celles de Saint-Just. "Il faut, dit-il, faire eprouver au corps politique
la sueur immonde de l'aristocratie; plus il aura transpire, mieux il se
portera."
On vient de voir ce que fit le comite pour manifester l'energie de sa
politique; voici ce qu'il ajouta pour la concentration toujours plus grande
du pouvoir. D'abord il prononca le licenciement de l'armee revolutionnaire.
Cette armee, imaginee par Danton, avait d'abord ete utile pour faire
executer les volontes de la convention, lorsqu'il existait encore des
restes de federalisme; mais etant devenue le centre de ralliement de tous
les perturbateurs et de tous les aventuriers, ayant servi de point d'appui
aux derniers demagogues, il etait necessaire de la disperser. Le
gouvernement d'ailleurs, etant aveuglement obei, n'avait plus besoin de ces
satellites pour faire executer ses ordres
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