onctions, il dit: "Les tyrans ont perdu leurs forces; leurs armees
tremblent en presence des notres; deja quelques despotes cherchent a se
retirer de la coalition. Dans cet etat, il ne leur reste qu'un espoir, ce
sont les conspirations interieures. Il ne faut donc pas cesser d'avoir
l'oeil ouvert sur les traitres. Comme nos freres, vainqueurs sur les
frontieres, ayons tous nos armes en joue et faisons feu tous a la fois.
Pendant que les ennemis exterieurs tomberont sous les coups de nos soldats,
que les ennemis interieurs tombent sous les coups du peuple. Notre cause,
defendue par la justice et l'energie, sera triomphante. La nature fait tout
cette annee pour les republicains; elle leur promet une abondance double.
Les feuilles qui poussent annoncent la chute des tyrans. Je vous le repete,
citoyens, veillons au dedans, tandis que nos guerriers combattent au
dehors; que les fonctionnaires charges de la surveillance publique
redoublent de soins et de zele, qu'ils se penetrent bien de cette idee,
qu'il n'y a peut-etre pas une rue, pas un carrefour ou il ne se trouve un
traitre qui medite un dernier complot. Que ce traitre trouve la mort, et la
mort la plus prompte! Si les administrateurs, si les fonctionnaires publics
veulent trouver une place dans l'histoire, voici le moment favorable pour y
songer. Le tribunal revolutionnaire s'y est assure deja une place marquee.
Que toutes les administrations sachent imiter son zele et son inexorable
energie; que les comites revolutionnaires surtout redoublent de vigilance
et d'activite, et qu'ils sachent se soustraire aux sollicitations dont on
les assiege, et qui les portent a une indulgence funeste a la liberte."
Saint-Just fit a la convention un rapport formidable sur la police generale
de la republique[3]. Il y repeta l'histoire fabuleuse de toutes les
conspirations, il les montra comme le soulevement de tous les vices contre
le regime austere de la republique; il dit que le gouvernement, loin de se
ralentir, devait frapper sans cesse, jusqu'a ce qu'il eut immole tous les
etres dont la corruption etait un obstacle a l'etablissement de la vertu.
Il fit l'eloge accoutume de la severite, et chercha, comme on le faisait
alors, par des figures de toute espece, a prouver que l'origine des grandes
institutions devait etre terrible. "Que serait devenue, dit-il, une
republique indulgente?... Nous avons oppose le glaive au glaive, et la
republique est fondee. Elle est sortie du sein des orage
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