leur riposter, que quelques pieces qui, a chaque
coup, faisaient aussi, chez eux, des breches profondes; mais une
partie des notres fut bientot demontee. Pendant ce temps, nos soldats
recevaient la mort sans bouger; nous fumes dans cette triste position
jusqu'a deux heures apres midi.
Pendant la bataille, les Russes avaient envoye une partie de leur
armee prendre position sur la route au dela de Krasnoe et nous couper
la retraite, mais l'Empereur les arreta en y envoyant un bataillon de
la Vieille Garde.
Pendant que nous etions exposes au feu de l'ennemi et que nos forces
diminuaient par la quantite d'hommes que l'on nous tuait, nous
apercumes, derriere nous et un peu sur notre gauche, les debris du
corps d'armee du marechal Davoust, au milieu d'une nuee de Cosaques,
qui n'osaient les aborder, et qu'eux dissipaient tranquillement, en
marchant de notre cote. Je remarquai au milieu d'eux, lorsqu'ils
etaient derriere nous et sur la route, la voiture du cantinier ou
etaient sa femme et ses enfants. Elle fut traversee par un boulet qui
nous etait destine: au meme instant, nous entendimes des cris de
desespoir jetes par la femme et les enfants, mais nous ne pumes savoir
s'il y avait eu quelqu'un de tue ou de blesse.
Au moment ou les debris du marechal Davoust passaient, les grenadiers
hollandais de la Garde venaient d'abandonner une position importante
que les Russes avaient aussitot couverte d'artillerie, qui fut dirigee
contre nous. De ce moment, notre position ne fut plus tenable. Un
regiment, je ne me rappelle plus lequel, fut envoye contre, mais il
fut oblige de se retirer; un autre regiment, le premier des
voltigeurs, qui etait devant nous, fit un mouvement a son tour, et
arriva jusqu'au pied des batteries, mais aussitot une masse de
cuirassiers, les memes avec qui nous avions eu affaire dans la nuit du
15, et qui n'avaient pas ose nous charger, vinrent pour les arreter.
Alors ils se retirent un peu sur la gauche des batteries et presque en
face de notre regiment, et se forment en carre; a peine etaient-ils
formes, que la cavalerie voulut les enfoncer, mais ils furent recus, a
bout portant, par une decharge que firent les voltigeurs, et qui en
fit tomber un grand nombre. Le reste fit un demi-tour et se retira.
Une seconde charge eut lieu; elle eut le meme sort, de maniere que
les faces du carre ou les cuirassiers s'etaient presentes etaient
couvertes d'hommes et de chevaux; mais ils reussirent une troisieme
fois
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