t par les jambes, sur la glace.
Nous observions un Cosaque qui avait ete place en observation,
probablement pour nous, mais il regardait continuellement du cote ou
nous n'etions plus, par suite d'un mouvement que nous avions fait
apres notre premiere decharge. Nous pouvions facilement le voir sans
etre vus. Aussi Picart ne pouvait plus se contenir; son coup de fusil
part, et l'observateur est atteint a la tete, car, au meme instant,
nous voyons qu'il chancelle, penche la tete en avant, ouvre les bras
comme pour se retenir, et tombe de son cheval. Il etait mort[38].
[Note 38: Picart etait un des meilleurs tireurs de la Garde; au
camp, lorsque l'on tirait a la cible, il avait toujours les prix.
(_Note de l'auteur_.)]
Au coup de fusil, ceux qui entouraient nos malheureux soldats se
retournent, etonnes. Ils font un mouvement en arriere et s'arretent:
nos fantassins font une decharge sur eux, pour ainsi dire a bout
portant, et quatre Cosaques tombent du meme coup. Alors des cris de
rage s'elevent de part et d'autre. La melee devient generale, et un
combat opiniatre s'engage entre les deux partis. Au meme moment, nous
nous portons a dix ou douze pas en avant, sur la place; la, nous
apercevons quatre des fantassins entoures par quinze Cosaques. Nous
les entendons crier et se debattre sous les pieds des chevaux; les
trois autres etaient poursuivis dans la direction du bois qu'ils
voulaient atteindre.
Nous nous disposions a les soutenir d'une maniere vigoureuse, quand,
tout a coup, la tourmente qui nous menacait depuis longtemps,
s'annonca avec un bruit epouvantable. La neige qui, depuis le
commencement du combat, n'avait cesse de tomber, nous enveloppe et
nous aveugle. Nous nous trouvons, pendant plus de six minutes, dans un
nuage epais, et obliges de nous tenir fortement l'un a l'autre, afin
de ne pas etre enleves par le vent. Tout a coup et comme par
enchantement, tout disparait, et, a quatre pas, nous voyons l'ennemi
qui, en nous apercevant, pousse des hurlements. Nos mains, engourdies
par le froid, nous empechent de faire usage de nos armes. Neanmoins,
ils n'osent venir sur nous, et, tout en leur faisant face, la
baionnette au bout du canon et croisee contre eux, nous regagnons le
bois et eux s'eloignent au galop.
A peine a l'entree du bois, nous apercevons les trois autres
fantassins que cinq Cosaques poursuivaient du cote oppose. Nous
tirames deux coups de fusil sur les poursuivants, sans resultat, et
nous all
|