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rection; il pouvait etre alors midi. Tout a coup, le canon cessa de se faire entendre, le vent recommenca et la neige le suivit de pres, mais en si grande quantite que nous ne pouvions plus nous voir, de sorte que le pauvre enfant d'Israel finit par renoncer a conduire le cheval. Nous lui conseillames de monter dessus. C'est ce qu'il fit. Je commencais a etre extremement fatigue et inquiet. Je ne disais rien, mais Picart jurait comme un enrage apres le canon qu'il n'entendait plus, et apres le vent, disait-il, qui en etait la cause. Nous arrivames de la sorte dans un endroit ou nous ne pouvions plus avancer, tant les arbres etaient serres les uns contre les autres. A chaque instant, nous etions arretes par d'autres obstacles, nous allions mesurer la terre de tout notre long et nous enterrer dans la neige. Enfin, apres une marche penible, nous eumes le chagrin de nous retrouver au point ou nous etions partis, une heure avant. Voyant cela, nous arretames un instant; nous bumes un coup de mauvais genievre que le juif nous avait donne, ensuite nous deliberames. Il fut decide que nous irions joindre la grand'route. Je demandai a notre guide si, dans le cas ou nous ne pourrions pas gagner la route, il pourrait nous reconduire ou nous avions couche. Il m'assura que oui, mais qu'il faudrait faire des remarques ou nous passions. Picart se chargea de cela en coupant, de distance en distance, des jeunes arbres, bouleaux ou sapins, que nous laissions derriere nous. Nous pouvions avoir fait une demi-lieue, dans ce nouveau chemin, lorsque nous rencontrames une cabane. Il etait presque temps, car les forces commencaient a me manquer. Il fut decide que nous y ferions une halte d'une demi-heure pour y faire manger le cheval, ainsi que nous. Le bonheur voulut qu'en y entrant, nous trouvames beaucoup de bois sec a bruler, deux bancs formes de deux grosses pieces de bois brut et trois peaux de mouton, qu'il fut decide que l'on emporterait pour nous en servir si nous etions obliges de passer la nuit dans la foret. Nous nous chauffames en mangeant un morceau de viande de cheval. Notre guide n'en voulut pas toucher, mais il tira de dessous sa capote de peau de mouton une mauvaise galette de farine d'orge, avec autant de paille, que nous nous empressames de partager avec lui. Il nous jura par Abraham qu'il n'avait que cela et quelques noix. Nous en fimes quatre parts. Il en eut deux, et nous chacun une. Nous bumes chacun un petit verre de
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