t, etant passe dans
l'endroit ou il etait disparu, le chien avait reconnu l'uniforme du
regiment et suivi le detachement.
En marchant au milieu d'hommes, de femmes et meme de quelques enfants,
je regardais toujours si je ne voyais pas Daubenton, dont je
regrettais d'etre separe; mais en arriere, je n'apercus que le
marechal Ney avec son arriere-garde, qui prenait position sur la
petite butte ou les Hessois avaient ete attaques.
Apres cette echauffouree, je fus encore force de m'arreter, tant je
souffrais de mes coliques. Devant moi, je voyais la montagne de
Ponari, depuis le pied jusqu'au sommet. La route, situee aux trois
quarts du versant gauche, se dessinait par la quantite de caissons
portant plus de sept millions d'or et d'argent, ainsi que d'autres
bagages, dans des voitures conduites par des chevaux dont les forces
etaient epuisees, de sorte que l'on se voyait force de les abandonner.
Un quart d'heure apres, j'arrivai au pied de la montagne ou on avait
bivouaque pendant la nuit; l'on y voyait encore l'emplacement de feux,
dont une partie encore allumee; et autour desquels plusieurs hommes se
chauffaient pour se reposer avant de la monter. C'est la que j'appris
que les voitures, parties la veille, a minuit, du faubourg de Wilna,
et arrivees a un defile, n'avaient pu aller plus avant. Un des
premiers caissons s'etant ouvert en se renversant, l'argent en avait
ete pris par ceux qui etaient pres de la. Les autres voitures furent
obligees d'arreter depuis le haut jusqu'au bas. Beaucoup de chevaux
s'etaient abattus pour ne plus se relever.
Pendant que l'on me contait cela, on entendait la fusillade de
l'arriere-garde du marechal Ney et, sur notre gauche, on apercevait
les Cosaques que la vue du butin attirait, mais qui n'avancaient
qu'avec circonspection, attendant que l'arriere-garde fut passee afin
de moissonner sans danger.
Je me remis a marcher, mais, au lieu de prendre la route ou etaient
les caissons, je tournai la montagne par la droite, ou plusieurs
voitures avaient essaye de passer, mais presque toutes avaient ete
renversees dans le fosse, au bord du chemin que l'on voulait se
frayer. Il y avait un caisson dans lequel il restait encore beaucoup
de portemanteaux. J'aurais bien voulu en attraper un, mais, dans
l'etat de faiblesse ou j'etais, je n'osais pas risquer cette
entreprise, dans la crainte de ne pouvoir plus remonter le fosse, si
je descendais dedans. Heureusement, un infirmier de la garnison
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