apa: "Grand-papa etait dans les grandes batailles, avec
l'Empereur Napoleon!" Ils verront comme nous avons frotte les
Prussiens, les Autrichiens, les Russes et les Anglais en Espagne, et
tant d'autres; ils verront aussi que grand-papa n'a pas toujours
couche sur un lit de plume, et, quoiqu'il ne soit pas un des meilleurs
catholiques de France, ils verront qu'il a jeune souvent et fait
maigre plus d'une fois, les jours gras!
C'etait le 15 decembre, a sept heures du matin. Apres etre sortis de
l'ecurie ou nous avions passe la nuit, nous marchames dans la
direction de la route, jusqu'au moment ou nous arrivames a l'endroit
ou nous l'avions quittee la veille; la, nous fimes halte.
Grangier avait encore ma petite bouilloire en cuivre, qu'il portait
devant lui, attachee a sa ceinture avec une courroie, dans la crainte
qu'on ne la lui enlevat, car un vase dans lequel on pouvait faire
fondre la neige et cuire quelque chose, etait un objet precieux.
Grangier me la rendit, car il prevoyait que je resterais encore en
arriere et que je pourrais en avoir besoin. Il me l'attacha fortement
sur mon sac.
Le ciel etait clair, mais le froid etait supportable. Nous ne vimes,
sur la route, que fort peu d'hommes; cela nous fit penser que, la
veille, la plus grande partie etait allee plus loin et dans diverses
directions.
Nous apercumes, sur la route, du cote de Kowno, une colonne, mais ne
pumes distinguer si c'etaient des Francais ou des Russes: aussi, dans
l'incertitude, nous nous remimes en marche.
Je marchai assez bien pendant une heure, mais, au bout de ce temps, il
me prit une forte colique, et je fus force de m'arreter: c'etait
toujours la suite de mon indisposition de Wilna; j'attribuai cette
rechute au bouillon de vache que j'avais mange la veille et le matin,
avant de partir.
Je marchai de la sorte jusqu'a environ trois heures de l'apres-midi;
je n'etais plus eloigne d'une foret que j'apercevais depuis quelque
temps, et ou je voulais arriver pour y passer la nuit.
Je n'en etais plus eloigne que d'une portee de fusil, lorsque, sur la
droite de la route, j'apercus une maison ou, autour d'un grand feu,
etaient reunis plusieurs soldats de differents corps et dont la
majeure partie etait de la Garde imperiale. Comme j'etais fatigue,
j'arretai pour me chauffer et me reposer un peu: quelques-uns me
proposerent de rester avec eux; j'acceptai avec plaisir.
Pendant toute la journee, le froid avait ete supportable, et il
l'e
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