sibilite, car la grande quantite de neige, des deux cotes du
chemin, nous empechait d'entrer dans les terres. Notre position
devenait critique et je n'osais communiquer a mon frere les sensations
que j'eprouvais, plus pour lui que pour moi, a cause de sa blessure.
"Nous allions continuer a marcher droit devant nous, lorsque nous
apercumes ceux qui nous avaient cause tant de frayeur; ils n'etaient
qu'a quelques pas de nous. Ils s'arreterent en nous criant en
allemand: "Bonsoir, amis Cosaques!--Attention! dis-je a mon frere; tu
es Cosaque, et moi je suis ton prisonnier. Tu parles un peu allemand,
ainsi du sang-froid!" Comme il avait sur la tete un mauvais bonnet de
police, je le changeai contre le mien qui ressemblait a celui d'un
Cosaque. Nous reconnumes ces paysans pour ceux que nous avions vus, un
instant avant, sur la route, autour du caisson. Ils etaient quatre, et
trainaient avec des cordes deux des roues qu'ils avaient enlevees: mon
frere leur demanda s'il y avait des camarades Cosaques dans le
village; ils lui dirent que non: "Alors, dit-il, conduisez-moi chez le
bourgmestre, car j'ai froid et faim, puis, je suis blesse et oblige de
conduire ce prisonnier francais". Alors il y en eut un qui nous dit
que, depuis le matin, ils attendaient les Cosaques, et qu'ils auraient
bien fait d'arriver, car plus de trente Francais avaient loge la nuit
derniere et on les avait presque tous desarmes au moment de leur
depart.
"En entendant cela, nous aurions voulu etre au diable, mais, dans ce
moment, d'autres paysans arriverent qui, en me voyant conduit par un
Cosaque, me dirent des injures et me firent des menaces qui furent
reprimees par un homme age que j'ai su, apres, etre un ministre
protestant, cure de l'endroit.
"L'on nous conduisit chez le bourgmestre, qui fit beaucoup d'accueil a
mon frere en lui disant qu'il logerait chez lui et que l'on aurait
soin de son cheval, mais que, pour le Francais, il allait le faire
conduire a la prison, a moins, dit-il, que vous ne vouliez le garder
pres de vous pour vous servir de domestique: "Je ne demande pas mieux,
repondit mon frere, d'autant mieux que je suis blesse et que ce
Francais est chirurgien-major. Il me pansera ma jambe.--Chirurgien-major!
reprit le bourgmestre, cela tombe on ne peut mieux, car nous avons
ici un brave homme du village qui a eu, ce matin, le bras casse
par un Francais qui n'a pas voulu se laisser desarmer; il lui arrangera
son bras!"
"L'on nous fit ent
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