_Leboude_, sergent-major alors, a present lieutenant general en
Belgique, etait aussi du meme bataillon, ainsi que _Grangier_,
sergent, qui etait du Puy-de-Dome, en Auvergne. Celui-la etait mon ami
intime. Dans plus d'une circonstance il me sauva la vie; il avait une
faible sante, mais un courage a toute epreuve. Il est mort du cholera
en 1832.
_Pierson_, aussi sergent velite, actuellement capitaine a l'etat-major
de place a Angers[80]. Il etait tres laid, mais bon enfant, comme tous
les velites. Il n'y avait pas de figure comme la sienne. Il etait
tellement reconnaissable qu'il ne fallait l'avoir vu qu'une fois pour
se le rappeler. A propos de Pierson, je vais conter un fait pour venir
a l'appui de ce que je viens de dire.
[Note 80: C'est-a-dire en 1835, a l'epoque ou je mettais mes
_Memoires_ en ordre. (_Note, de l'auteur_.)]
Au commencement de cette campagne, a l'epoque ou nous etions a Wilna,
capitale de la Lithuanie, un jour qu'il etait de garde a la
manutention, c'etait le 4 juillet, au moment ou l'on faisait
construire de grands fours pour la cuisson du pain de l'armee,
l'Empereur fut voir si les travaux avancaient. Pierson, qui etait le
chef du poste, voulut profiter de cette occasion pour solliciter la
decoration et, s'avancant pres de Sa Majeste, il la lui demanda.
L'Empereur lui repondit: "C'est bien! Apres la premiere bataille!"
Depuis, nous eumes le siege de Smolensk, la grande bataille de la
Moskowa, ainsi que plusieurs autres pendant la retraite. Mais
l'occasion ne se presenta pas pour lui de rappeler a l'Empereur sa
promesse, car ce n'etait pas le cas d'en parler, pendant la retraite
desastreuse que nous fimes et ou il eut le bonheur d'echapper. Ce ne
fut qu'a Paris, quelques jours apres notre retour, le 16 mars 1813, a
la Malmaison, ou nous passions la revue, le meme jour ou je fus nomme
lieutenant, que Pierson put rappeler a l'Empereur la promesse qu'il
lui avait faite et, s'approchant de lui, l'Empereur lui demanda ce
qu'il voulait: "Sire, repondit-il, je demande la croix a Votre
Majeste. Vous me l'avez promise.--C'est vrai, repond l'Empereur en
souriant, a Wilna, a la manutention!" Il y avait dix mois que cette
promesse lui avait ete faite. Ainsi l'on voit que l'individu avait une
figure a ne pas oublier; mais, aussi, quelle memoire avait l'Empereur!
Je citerai encore d'autres temoins:
M. _Peniaux_, de Valenciennes, directeur des postes et relais de
l'Empereur, qui m'a vu mourant, couch
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