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ain, 1er janvier 1813, neuvieme jour de notre arrivee a Elbing, je me levai a sept heures du matin pour sortir, mais avant, je voulus voir ce qui me restait de mon argent: je trouvai que j'avais encore 485 francs, dont plus de 400 francs en or, et le reste en pieces de cinq francs. Partant de Wilna, j'avais 800 francs; j'aurais donc depense 315 francs? La chose n'etait pas possible! C'est qu'alors j'en avais perdu; a cela rien d'etonnant, mais je me trouvais encore bien assez riche pour depenser 20 a 30 francs, s'il le fallait, afin de faire un cadeau a mon aimable hotesse. Au moment ou j'allais ouvrir la porte, je rencontrai la grosse servante Christiane, celle qui m'avait si bien frotte dans le bain; elle me souhaita une bonne annee, et, comme elle etait la premiere personne que je rencontrais, je l'embrassai et lui donnai cinq francs: aussi fut-elle contente; elle se retira en me disant "qu'elle ne dirait pas a Madame que je l'avais embrassee". Je me dirigeai du cote de la place du Palais. A peine y etais-je arrive, que j'apercus deux soldats du regiment: ils marchaient avec peine, courbes sous le poids de leurs armes et de la misere qui les accablait. En me voyant, ils vinrent de mon cote, et je reconnus, a ma grande surprise, deux hommes de ma compagnie, que je n'avais pas vus depuis le passage de la Berezina. Ils etaient si malheureux, que je leur dis de me suivre jusqu'a une auberge ou je leur fis servir du cafe pour les rechauffer. Ils me conterent que, le 29 novembre au matin, un peu avant le depart du regiment des bords de la Berezina, on les avait commandes de corvee pour enterrer plusieurs hommes du regiment, tues la veille ou morts de misere; qu'apres avoir accompli cette triste mission, ils etaient partis pensant suivre la route que le regiment avait prise, mais que, malheureusement, ils s'etaient trompes en suivant des Polonais qui se dirigeaient sur leur pays. Ce n'est que le lendemain qu'ils s'en apercurent: "Enfin, me dirent-ils, il y avait un mois que nous marchions dans un pays inconnu, desert, toujours dans la neige, sans pouvoir nous faire comprendre, sans savoir ou nous etions et ou nous allions; l'argent que nous avions ne pouvait nous servir. Si, quelquefois, nous nous sommes procure quelques douceurs, comme du lait ou de la graisse, c'est aux depens de nos habits, en donnant nos boutons a l'aigle, ou les mouchoirs que nous avions conserves par hasard. Nous n'etions pas les seuls; beaucoup
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