e le velite chasseur se
leve, lui saute au cou et l'embrasse: "Prenez garde, voila mon mari!"
Effectivement il entra en nous disant qu'il avait donne a manger au
cheval et que, dans un moment, il lui donnerait a boire, mais que si
nous voulions lui faire plaisir, nous partirions avant le jour, afin
que l'on ne put voir qu'il nous avait loges: "Pour peu de chose,
dit-il, je conduirai ceux de vous qui n'ont pas de traineau, car j'en
ai un". Les deux chasseurs accepterent.
On nous servit, pour notre repas, une soupe au lait et des pommes de
terre, ensuite nous nous couchames tout habilles, et nos armes
chargees.
Le lendemain 23, il n'etait pas encore quatre heures du matin, que le
paysan vint nous eveiller en nous disant qu'il etait temps de partir.
Nous payames la femme, nous l'embrassames et nous partimes.
Au second village, les habitants, en nous voyant, crierent _hourra_
sur nous, et nous jeterent des pierres ou des boules de neige. Nous
arrivames dans un des faubourgs d'Elbing, ou nous nous arretames dans
une auberge pour nous y chauffer, car le froid avait augmente. Nous y
primes du cafe et, a neuf heures, nous entrames en ville avec d'autres
militaires de l'armee qui arrivaient comme nous, mais par d'autres
chemins.
XI
Sejour a Elbing.--Madame Gentil.--Un oncle a heritage.--Le 1er janvier
1813.--Picart et les Prussiens.--Le pere Elliot.--Mes temoins.
Nous allames, sans perdre de temps, a l'Hotel de Ville, afin d'avoir
des billets de logement. Nous le trouvames encombre de militaires.
Nous y remarquames beaucoup d'officiers de cavalerie bien plus
miserables que nous, car presque tous avaient, par suite du froid,
perdu les doigts des mains et des pieds, et d'autres le nez; ils
faisaient peine a voir. Je dirai, en faveur des magistrats de la
ville, qu'ils faisaient tout ce qu'il etait possible de faire pour les
soulager, en leur donnant de bons logements et en les recommandant,
afin que l'on eut soin d'eux.
Au bout d'une demi-heure d'attente, on nous donna un billet de
logement pour nous cinq et pour notre cheval; nous nous empressames
d'y aller.
C'etait un grand cabaret ou plutot une tabagie; nous y fumes fort mal
recus. On nous designa, pour chambre, un grand corridor sans feu et de
la mauvaise paille. Nous fimes des observations; on nous repondit que
c'etait assez bon pour des Francais, et que, si cela ne nous convenait
pas, nous pouvions aller dans la rue. Indignes d'une pareille
recep
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