m'avancai du cote ou etaient les armes, je
choisis deux paires de pistolets ainsi qu'un beau sabre de chasseur et
deux paquets de cartouches du calibre de nos pistolets, que nous
primes la precaution de charger de suite. Les miens furent caches en
attendant le moment de notre depart; ensuite, nous nous reposames.
"Le matin, a six heures, l'on nous apporta a manger. Cette fois, je
fus traite comme le Cosaque. Pendant que nous mangions, le bourgmestre
me fit encore compliment sur mes talents; ensuite il me demanda si je
voulais rester; qu'il me donnerait une de ses filles en mariage. Je
lui dis que cela ne se pouvait pas, que j'etais deja marie et que
j'avais des enfants: "Alors, dit-il en s'adressant au Cosaque, de
quel cote allez-vous?--Je vais rejoindre mon frere et mes camarades
qui suivent la route qui va a la ville; je ne me rappelle pas son nom,
mais c'est la premiere que je dois rencontrer sur la route.--Je sais,
dit le bourgmestre, c'est Wilbalen. Alors nous partirons ensemble, je
vous conduirai a une lieue d'ici, dans un endroit ou vous trouverez
plus de deux cents Cosaques, car je viens de recevoir l'ordre
d'envoyer tout ce que je pourrais avoir de foin et de farine dans le
village, et d'y aller de suite moi-meme. Ainsi, dans une demi-heure,
nous partirons. Je vais faire preparer votre cheval et le mien."
"A peine fut-il sorti, que je mis mes pistolets a ma ceinture et au
moins trente cartouches dans mes poches. Mon frere le Cosaque
s'attacha le sabre que je lui avais choisi et mit aussi les pistolets
a sa ceinture. Un instant apres, on vint nous avertir que tout etait
dispose pour le depart. Je pris le portemanteau du Cosaque, et nous
sortimes.
"A la poste, nous vimes le bourgmestre en tenue de voyage: il avait
une capote brune, doublee en fine peau de mouton, bonnet fourre,
bottes idem. Son domestique avait une capote en peau de mouton.
J'aidai mon frere le Cosaque a monter a cheval et, pendant que
j'attachais le portemanteau, je lui dis, de maniere a ne pas etre
entendu, que, si l'occasion se presentait, il fallait s'emparer du
cheval et de la capote du bourgmestre et de celle de son domestique,
et nous en vetir; que, par ce deguisement, nous pourrions nous sauver;
que, dans la position ou nous nous trouvions, il fallait agir avec
vigueur et que c'etait un coup de vie ou de mort.
"L'on se mit en marche, le domestique en avant comme guide, moi apres,
et au milieu des deux cavaliers, comme prisonnier.
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