cks que l'Empereur avait ramenes d'Egypte; quelques-uns
seulement de ce beau corps echapperent aux desastres de cette
campagne. (_Note de l'auteur_.)]
Je fus releve, et l'on me replaca sur le traineau: chose etonnante, il
n'en resulta pour moi rien de funeste; seulement, dans la journee,
j'eus des vomissements.
Il pouvait etre neuf heures lorsque nous arrivames dans un grand
village; beaucoup d'hommes y etaient deja; nous entrames dans une
maison, afin de nous y chauffer; nous laissames notre traineau a la
porte, ayant eu la precaution de le decharger de nos bagages et de
faire entrer le juif avec nous, dans la crainte qu'il n'enlevat notre
equipage.
Les soldats qui etaient a se chauffer nous dirent que, dans le
village, on vendait des harengs et du genievre. Comme ils avaient eu
beaucoup de complaisance pour moi et qu'ils avaient tous les pieds
plus geles que les miens, je me decidai a y aller mais, en partant, je
leur recommandai d'avoir les yeux sur le traineau: "Sois tranquille,
me dit Pierson, j'en reponds!" Je partis avec notre juif pour me
servir de guide et d'interprete.
Il me conduisit chez un de ses comperes, ou je trouvai des harengs, du
genievre et des mauvaises galettes de seigle. Pendant que je me
chauffais en buvant un verre de genievre, je m'apercus que mon guide
avait disparu avec un autre juif, avec lequel il causait un instant
avant. Voyant qu'il ne rentrait pas, je retournai, avec mes
provisions, rejoindre mes amis: mais quel fut mon etonnement, lorsque
je fus pres de la maison, de n'y plus voir le traineau a la porte! Mes
camarades, tranquillement a se chauffer, me demandent ou sont les
provisions; moi je leur demande ou est le traineau. Ils regardent dans
la rue, le traineau est parti! Sans dire un mot, je jette les
provisions a terre, et, le coeur triste, je vais me coucher sur de la
paille, a cote du poele. Une demi-heure apres, on battit le rappel
pour le depart, et l'on nous fit savoir qu'a deux petites lieues de
la, il y aurait des traineaux pour tout le monde, afin que l'on put
arriver le meme jour a Gumbinnen.
Arrives a cet endroit, nous y trouvames, en effet, une grande quantite
de traineaux et, un instant apres, on nous fit partir. Pendant la
route, je fus indispose: le mouvement du traineau fit, sur moi,
l'effet du mal de mer; j'eus des vomissements. Je voulus, avant
d'arriver, marcher un peu a pied, mais je faillis perir de froid, car
il etait devenu insupportable. Heureuseme
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