re.]
"Aussitot, la colonne se remit en marche aux cris de: _Vive
l'Empereur!_ et en conduisant, au milieu d'elle, le Cosaque et son
cheval."
Humblot avait fini sa narration, lorsque je fus force de m'arreter,
toujours pour mon indisposition; pendant ce temps, il marcha doucement
afin que je pusse le rejoindre. Ma besogne faite a la hate, je me
remis a marcher; mais, a l'endroit ou je me trouvais, il y avait
beaucoup de monde qui m'empecha d'avancer. Je repris la route, mais, a
peine y etais-je, que j'entendis des cris repetes: -"Gare les
Cosaques!" Je pense que c'est une fausse alerte, mais j'apercois
plusieurs officiers armes de fusils qui s'arretent et qui se posent
bravement sur le chemin faisant face du cote ou le bruit venait, et
criant: "N'ayez pas peur, laissez avancer cette canaille[70]!" Je
regarde derriere moi, je les apercois tellement pres que je fus touche
par un cheval: trois etaient en avant, d'autres suivaient.
[Note 70: M. le colonel Richard, ex-commandant de place a Conde,
etait un de ces officiers: nous en avons parle plusieurs fois
ensemble. (_Note de l'auteur_).]
Je n'ai que le temps de me jeter dans le bois ou je pensais etre en
surete, mais les trois Cosaques y entrent presque aussitot que moi et
malheureusement, dans cet endroit, le bois se trouvait fort clair. Je
cherche a gagner l'endroit le plus epais, mais par une fatalite
inouie, mon indisposition me reprend et se fait sentir d'une maniere
insupportable. Que l'on juge de ma position! Je veux m'arreter, mais
c'est impossible, car deux des trois Cosaques ne sont plus qu'a
quelques pas de moi, de sorte que, pour ne pas interrompre ma course
et me laisser prendre, je suis oblige de faire dans mes pantalons.
Heureusement, quelques pas plus avant, les arbres se trouvent plus
rapproches, les Cosaques sont genes dans leur course et forces de la
ralentir, tandis que je continue du meme pas; mais arrete par des
branches d'arbres couches dans la neige, je tombe de tout mon long, et
ma tete reste enfoncee dans la neige. Je veux me relever; mais je me
sens tenu par une jambe. La crainte me fait penser que c'est un de mes
Cosaques qui me tient, mais il n'en etait rien, c'etaient des ronces
et des epines. Je fais un dernier effort, je me releve, je regarde
derriere moi: les Cosaques etaient arretes; deux cherchaient un
endroit afin de passer avec leurs chevaux. Pendant ce temps, je me
traine avec peine.
Un peu plus avant, je me trouve arrete pa
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