es au plus. Je consentis d'autant plus a
sa proposition, que je ne me sentais plus la force d'aller loin, et
puis l'espoir de passer la nuit dans une maison, avec du feu! Je dis a
Faloppa de nous suivre. Poumo descendit le premier; je le suivis en me
laissant glisser sur le derriere, mais, lorsque j'eus fait quelques
pas sur la neige qui recouvrait le fleuve par gros tas, je vis
l'impossibilite d'aller plus loin. Alors je fis signe a Faloppa, qui
n'etait pas encore descendu, de rester, car je venais de reconnaitre
que, sous la neige, ce n'etait que des amas de glace en pointe,
places les uns sur les autres, formant, par intervalles, des tas
raboteux et d'autres sous lesquels il y avait des excavations. Ce
bouleversement du fleuve etait probablement survenu a la suite d'un
degel, ensuite d'une debacle suivie d'une forte gelee qui les surprit
et les arreta dans leur course.
Cependant, Poumo, qui marchait devant moi de quelques pas, s'etait
arrete et voyant que je ne le suivais pas, n'en effectua pas moins son
passage, avec trois vieux grenadiers de la Garde, mais c'est avec
beaucoup de peine qu'ils arriverent a l'autre bord.
Je me rapprochai de Faloppa dont j'etais separe seulement par la
hauteur de la digue, pour lui dire de suivre la gauche de la colonne;
que, tant qu'a moi, puisque j'etais descendu sur la glace, j'allais
suivre de cette maniere jusqu'a la fin du defile et que, la,
j'attendrais. Aussitot, je me mis a marcher au-dessous de cette masse
d'hommes qui avancaient lentement et qui, ensuite, s'arretaient en
criant et en jurant, car ceux qui etaient sur le bord craignaient de
tomber au bas de la digue et sur la glace, comme c'etait deja arrive a
plusieurs que l'on voyait blesses, que l'on ne pensait pas a relever
et qui, peut-etre, ne le furent jamais.
J'avais deja parcouru les trois quarts de la longueur du defile,
lorsque je m'apercus que le fleuve tournait brusquement a gauche,
tandis que la route, tout en s'elargissant, allait tout droit. Il me
fallut revenir presque au milieu du defile, a l'endroit ou la digue me
parut moins haute, et la, faisant de vains efforts, faible comme
j'etais et n'ayant qu'une main dont je pusse me servir, je ne pus
jamais y parvenir.
Je montai sur un tas de glace afin que l'on put, sans se baisser
beaucoup, me donner une main secourable: je m'appuyais, de la main
gauche, sur mon fusil, et je tendais l'autre a ceux qui, a portee de
moi, pouvaient, par un petit effort, me t
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