t le marechal Ney. Ils
etaient a trente pas de nous et en avant sur la droite de la route. Au
meme instant, nous vimes, sur notre gauche, un autre peloton de
cavaliers, au nombre de vingt, environ; un officier les commandait.
De suite nous les reconnumes pour des Russes; c'etaient des
cuirassiers a cuirasses noires sur habits blancs; ils etaient
accompagnes de plusieurs Cosaques epars ca et la; ils marchaient de
maniere a couper la retraite aux Hessois, ainsi qu'a nous et a une
infinite d'autres malheureux qui venaient de les apercevoir et qui
retrogradaient pour rejoindre l'arriere-garde en criant: "Gare aux
Cosaques!"
Les Hessois, commandes par deux officiers, et qui, probablement,
avaient apercu les Russes avant nous, s'etaient mis en mesure de se
defendre. Pour leur faire face, ils firent une demi-conversion a
gauche, en conservant pour point d'appui la petite butte qui les
couvrait derriere.
Dans ce moment, nous vimes un grenadier de la ligne, bien portant et
bien decide, passer pres de nous et aller en courant prendre rang
parmi les Hessois. Nous nous disposions a faire de meme, mais, pour le
moment, ma position ne me le permettait pas. D'un autre cote,
Daubenton, que Mouton embarrassait, voulait, avant tout, le mettre
dans le caisson, mais nous n'en eumes pas le temps, car les cavaliers
vinrent au galop du cote des Hessois: la, ils s'arreterent en leur
signifiant de mettre bas les armes. Un coup de fusil fut la reponse;
c'etait celui du grenadier francais, qui fut, en meme temps, suivi
d'une decharge generale des Hessois.
A cette detonation, nous pensions voir tomber la moitie des cavaliers,
mais, chose etonnante, pas un ne tomba, et l'officier, qui etait en
avant et qui aurait du etre pulverise, ne parut rien avoir. Son cheval
fit seulement un saut de cote. Se remettant aussitot et se tournant
vers les siens, ils fondirent sur les Hessois et, en moins de deux
minutes, ils furent culbutes et sabres. Plusieurs se sauverent; alors
les cavaliers se mirent a les poursuivre.
Au meme instant, Daubenton, voulant se debarrasser de Mouton, me cria
de l'aider, mais trois cavaliers passerent aupres de lui, a la
poursuite des Hessois. Aussitot, pour etre plus a meme de se defendre,
il voulut se retirer sous le caisson ou j'etais dans une triste
position, souffrant de coliques et de froid, mais il n'en eut pas le
temps, car un des trois cavaliers venait de faire un demi-tour et de
le charger. Il fut assez heureux po
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