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tirai a moi. A notre grande surprise, nous vimes qu'il contenait sept grands pains blancs, de trois a quatre livres, aussi beaux que ceux qu'on fait a Paris. Quel bonheur! Quelle trouvaille pour des hommes qui n'en avaient pas mange depuis cinquante jours! Je commencai par m'emparer de deux, que je mis sous mes bras et sous mon collet, mon camarade en fit autant, et l'officier prit les trois autres: cet officier etait Fouche, grenadier velite, alors adjudant-major dans un regiment de la Jeune Garde, actuellement marechal de camp. Nous sortimes de la cave: la femme etait encore debout a la porte; nous lui dimes que nous reviendrions le matin, lorsqu'il y aurait du pain de cuit. Pour etre debarrassee de nous, ne s'apercevant pas de ce que nous emportions, elle nous ouvrit la porte, et nous fumes dans la rue[61]. [Note 61: Depuis ce temps, j'ai revu M. le general Fouche, et lui rappelant cet episode de Wilna, il me dit qu'apres notre sortie de la maison, il manqua d'etre assassine par ceux qui etaient dans la meme maison et par les personnes de la maison qui voulaient lui faire payer celui que nous avions emporte. (_Note de l'auteur_.)] Une fois libres, laissant tomber nos fusils dans la neige, nous nous mimes a mordre dans nos pains comme des voraces, mais, comme j'avais les levres toutes fendues, je ne pouvais ouvrir la bouche pour mordre comme je l'aurais voulu. Dans ce moment, nous apercumes deux individus qui nous demanderent si nous n'avions rien a vendre ou a changer: nous reconnumes des juifs. Je commencai par leur dire que nous avions des billets de banque russes, qu'ils etaient de cent roubles, et combien ils voulaient en donner: "Cinquante!" nous dit le premier en allemand. "Cinquante-cinq!" dit l'autre. "Soixante!" reprend le premier. Enfin il finit par nous en offrir soixante-dix-sept, et je mis encore pour condition qu'il nous payerait du cafe au lait. Il y consentit. Le second vint derriere moi, en me disant: "Quatre-vingts!" Mais le marche etait arrete et, comme on nous avait promis du cafe au lait, nous n'aurions pas voulu, pour vingt francs de plus au billet, faire marche avec d'autres. Le juif avec qui nous venions de faire affaire nous conduisit chez un banquier, car lui n'etait qu'un agent d'affaires. Le banquier etait aussi juif. Lorsque nous y fumes, on nous demanda nos billets; nous en avions neuf. Pour mon compte, j'en avais trois. Apres les avoir donnes, on les regarda minutieusement com
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