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le tuait, mais un cri, partant de la droite de la compagnie, se fit entendre: "Le cheval appartient a la compagnie, puisque l'homme en fait partie!--C'est vrai, dit Picart, que j'appartiens a la compagnie, mais le sergent qui en demande sa part a descendu le cavalier qui le montait.--Alors, dit un sergent qui me connaissait, il en aura!" Ce sergent faisait les fonctions du sergent-major, mort la veille. La colonne etant arretee, un officier demanda a Picart d'ou il venait et comment il se trouvait en avant, vu que ceux qui, comme lui, escortaient le convoi, etaient rentres depuis trois jours. La halte dura assez longtemps. Il conta son affaire, s'interrompant a chaque instant pour demander apres plusieurs de ses camarades qu'il ne voyait plus dans les rangs: ils avaient succombe. Il n'osait demander apres son camarade de lit, qui etait en meme temps son pays. A la fin, il le demanda: "Et Rougeau, ou est-il?--A Krasnoe, repondit un tambour.--Ah! je comprends!--Oui, continua le tambour; mort d'un coup de boulet qui lui coupa les deux jambes. Avant de nous quitter, il t'a fait son executeur testamentaire; il m'a charge de te remettre sa croix, sa montre et un petit sac de cuir renfermant de l'argent et differents objets. En me les remettant, il m'a charge de te dire que tu les remettes a sa mere, et si, comme lui, tu avais le malheur de ne pas revoir la France, de vouloir bien en charger un autre." Aussitot, devant la compagnie, le tambour, qui se nommait Patrice, tira de son sac tous les objets, en disant a Picart: "Je le les remets, mon vieux, tels que je les ai recus de sa main; c'est lui qui les tira de son sac, que nous remimes ensuite sous sa tete; il est mort un instant apres.--C'est bien, dit Picart, si j'ai le bonheur de retourner en Picardie, je m'acquitterai des dernieres volontes de mon camarade." On recommenca a marcher. Je dis adieu a mon vieux camarade, en lui promettant de le revoir, le soir au bivac. J'attendis, sur le cote du chemin, que notre regiment passat, car l'on m'avait dit qu'il faisait l'arriere-garde. Apres les grenadiers, suivaient plus de trente mille hommes, ayant presque tous les pieds et les mains geles, en partie sans armes, car ils n'auraient pu en faire usage. Beaucoup marchaient appuyes sur des batons. Generaux, colonels, officiers, soldats, cavaliers, fantassins de toutes les nations qui formaient notre armee, marchaient confondus, couverts de manteaux et de pelisses brulees et
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