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eues a faire pour arriver a l'endroit designe ou l'on devait bivaquer, qui etait une grande foret. La route, en cet endroit, est large et bordee, de chaque cote, de grands bouleaux[32]. Elle laissait aux hommes et aux equipages la facilite de marcher, mais, lorsque le soir arriva, l'on ne voyait, dans toute sa longueur, que des chevaux morts, et plus nous avancions, plus elle etait couverte de voitures et de chevaux expirants, meme des attelages entiers succombant aux fatigues, ainsi que des hommes qui, ne pouvant aller plus loin, s'arretaient, formaient leurs bivacs au pied des grands arbres, parce que, disaient-ils, ils avaient pres d'eux ce qu'ils ne trouveraient pas ailleurs: du bois pour faire du feu, les voitures brisees leur en fourniraient, et de la viande avec les chevaux dont la route etait encombree et qui commencaient a embarrasser la marche. [Note 32: Les bouleaux, ce sont des arbres qui, en Russie, viennent excessivement grands. _(Note de l'auteur)_] Il y avait deja longtemps que je marchais seul au milieu de la cohue et que je m'efforcais d'arriver a l'endroit ou nous devions passer la nuit, afin de me reposer de cette marche penible et qui le devenait encore davantage par le verglas qu'il faisait depuis qu'il recommencait a geler sur une neige fondue qui, a chaque instant, me faisait tomber; la nuit me surprit au milieu de toutes ces miseres. Le vent du nord avait redouble de furie; j'avais, depuis un moment, perdu de vue mes camarades; plusieurs soldats, isoles comme moi, etrangers au corps dont je faisais partie, se trainaient peniblement en faisant des efforts surnaturels afin de regagner la colonne dont ils etaient, comme moi, separes depuis quelque temps. Ceux a qui j'adressais la parole ne me repondaient pas; ils n'en avaient pas la force. D'autres tombaient, mourants, pour ne plus se relever. Bientot, je me trouvai seul, n'ayant plus pour compagnons de route que des cadavres qui me servaient de guides; les grands arbres qui la bordaient avaient disparu. Il pouvait etre sept heures; la neige qui, depuis quelque temps, tombait avec force, m'empechait de voir la direction de mon chemin; le vent, qui la soufflait avec violence, avait deja remblaye les traces que la colonne laissait apres elle. Jusqu'alors, j'avais toujours porte ma peau d'ours, le poil en dehors. Mais, prevoyant que j'allais passer une mauvaise nuit, je m'arretai un instant, et, afin d'avoir plus chaud, je la mis le poil en
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