oldats de
differents regiments, marchant a volonte, et qu'ils ne voulaient pas
qu'on y entrat.
Lorsque nous fumes bien informes ou ce temple etait situe, nous nous
reunimes a une douzaine de sous-officiers et caporaux, et nous
partimes pour y aller. Nous eumes bientot trouve l'endroit, puisque
c'etait sur la route; lorsque nous nous presentames pour y entrer,
nous trouvames de l'opposition de la part de ceux qui s'en etaient
empares. C'etait une reunion d'Allemands, d'Italiens, et aussi
quelques Francais, qui commencerent par vouloir nous intimider en
mettant la baionnette au bout du fusil, et a nous signifier de ne pas
entrer; nous leur repondimes sur le meme ton, en faisant de meme, et
nous forcames l'entree. Alors ils se retirerent un peu, et un Italien
leur cria: "Faites comme moi, chargez vos armes!--Les notres le sont!"
repondit un sergent-major de chez nous; et un combat sanglant allait
s'engager entre nous, lorsqu'il nous arriva du renfort. C'etaient des
hommes de notre regiment: alors, voyant qu'il n'y avait rien a gagner,
et qu'a notre tour, nous n'etions pas disposes a les souffrir pres de
nous, ils prirent le parti de sortir et de s'etablir non loin de la.
Malheureusement pour eux, pendant la nuit, le froid augmenta
considerablement, accompagne d'un grand vent et de beaucoup de neige.
Aussi, le lendemain matin, lorsque nous partimes, nous trouvames, non
loin de l'endroit ou nous avions couche, et sur le bord de la route,
plusieurs de ces malheureux que nous avions fait sortir du temple, et
qui, trop faibles pour aller plus loin, avaient expire devant le
portail. D'autres avaient peri plus loin, dans la neige, en cherchant
a gagner un endroit pour s'abriter. Nous passames pres de ces cadavres
sans rien nous communiquer. Que de tristes reflexions devions-nous
faire sur ce tableau dont nous etions en partie la cause! Mais nous en
etions venus au point que les choses les plus tragiques nous
devenaient indifferentes, car nous disions de sang-froid et sans
emotion que, bientot, nous mangerions les cadavres des hommes morts,
car dans peu de jours, il n'y aurait plus de chevaux pour se nourrir.
Une heure apres nous etre mis en marche, nous arrivames a Doubrowna,
petite ville habitee en partie par des Juifs, et ou toutes les maisons
sont baties en bois, et ou l'Empereur avait couche avec les grenadiers
et chasseurs de la Garde et une partie de l'artillerie. Nous les
trouvames sous les armes; ils nous apprirent
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