lui avait laisse la
teinte de la pierre dans laquelle elle etait taillee. Les statues
etaient peintes des pieds a la tete. Dans les bas-reliefs, le fond
restait nu, les figures etaient enluminees. Les Egyptiens avaient a leur
disposition plus de couleurs qu'on n'est dispose a leur en preter
d'ordinaire. Les plus anciennes de leurs palettes--et on en connait qui
sont de la Ve dynastie--ont des compartiments separes pour le jaune, le
rouge, le bleu, le brun, le blanc, le noir et le vert. D'autres, a la
XVIIIe dynastie, comptent trois varietes de jaune, trois de brun, deux
de rouge et de bleu, deux de vert, en tout quatorze ou seize tons
differents. On obtenait le noir en calcinant les os d'animaux. Les
autres matieres employees a la peinture existent naturellement dans le
pays. Le blanc est du platre mele d'albumine ou de miel, les jaunes sont
de l'ocre ou du sulfure d'arsenic, l'orpiment de nos peintres, les
rouges de l'ocre, du cinabre ou du vermillon, les bleus du lapis-lazuli
ou du sulfate de cuivre broyes. Si la substance etait rare ou couteuse,
on lui substituait des produits de l'industrie locale. On remplacait le
lapis-lazuli par du verre colore en bleu au sulfate de cuivre et qu'on
reduisait en poussiere impalpable. La couleur, conservee dans des
sachets, etait delayee, au fur et a mesure des besoins, avec de l'eau
additionnee legerement de gomme adragante. On l'etalait au moyen d'un
calame ou d'une brosse en crin plus ou moins grosse. Bien preparee, elle
etait d'une solidite remarquable et s'est a peine modifiee au cours des
siecles. Les rouges ont fonce, le vert s'est terni, les bleus ont verdi
ou grise, mais ce n'est qu'a la surface; des qu'on enleve la couche
exterieure, les dessous apparaissent brillants et inalteres. Jusqu'a
l'epoque thebaine, on ne prit aucune precaution pour defendre la
peinture contre l'action de l'air et de la lumiere. Vers la XXe
dynastie, l'usage se repandit de la recouvrir d'un vernis transparent,
soluble dans l'eau, probablement la gomme d'une sorte d'acacia. L'emploi
n'en etait point le meme partout: certains peintres l'etendaient
egalement sur le tableau entier, d'autres se contentaient d'en glacer
les ornements et les accessoires, sans toucher aux nus ni aux vetements.
Il s'est craquele sous l'influence du temps, ou a noirci au point de
gater ce qu'il aurait du proteger. Les Egyptiens reconnurent sans doute
les mauvais effets qu'il produisait, car on ne le rencontre plus a
partir
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