sis alexandrine du musee de Boulaq a encore le costume de
l'Isis pharaonique: elle n'en a plus la sveltesse et le maintien guinde.
Une effigie mutilee d'un prince de Siout, qui est egalement a Boulaq,
pourrait presque passer pour une mauvaise statue grecque. Un certain
Hor, dont le portrait a ete decouvert en 1881, au pied du Komed-damas,
non loin de l'emplacement du tombeau d'Alexandre, nous a laisse l'oeuvre
la plus forte qu'on ait de ce genre hybride (Fig.203). La tete est un
bon morceau, d'un travail un peu sec. Le nez mince et long, les yeux
rapproches, la bouche petite et pincee aux coins, le menton carre, tous
les traits concourent a preter a la figure un caractere de durete et
d'obstination. La chevelure est coupee ras, pas assez cependant pour
qu'elle ne se separe naturellement en petites meches epaisses. Le corps,
revetu de la chlamyde, est assez gauchement taille et trop etroit pour
la tete. L'un des bras pend, l'autre est ramene sur le ventre; les pieds
manquent. Tous ces monuments sont sortis des fouilles recentes. Je ne
doute pas que le sol d'Alexandrie ne nous en rendit beaucoup de pareils,
si on pouvait l'explorer methodiquement. L'ecole qui les produisit se
rapprocha de plus en plus du style des ecoles grecques, et la raideur,
dont elle ne se depouilla jamais entierement, ne lui fut pas sans doute
comptee comme un defaut, a une epoque ou certains sculpteurs au service
de Rome se piquaient d'archaisme. Je ne serais pas etonne si l'on venait
a lui attribuer les statues de pretres et de pretresses revetues
d'insignes divins, dont Hadrien decora les parties egyptiennes de sa
villa de Tibur. Hors du Delta, les ecoles indigenes, livrees a leurs
propres ressources, languirent et deperirent peu a peu. Ce n'est pas que
les modeles, ni meme les artistes grecs, fissent entierement defaut.
J'ai decouvert ou achete dans la Thebaide, au Fayoum, a Syene, des
statuettes et des statues de style hellenique, d'un travail correct et
soigne. Une d'elles, qui provient de Coptos, parait etre une replique en
petit, d'une Venus, analogue a la Venus de Milo. Mais les sculpteurs du
pays, trop inintelligents ou trop ignorants, ne surent pas tirer de ces
modeles le parti que les Alexandrins avaient tire des leurs. Quand ils
voulurent preter a leurs figures la souplesse et la plenitude des formes
grecques, ils ne reussirent qu'a leur faire perdre la precision seche,
mais savante que leurs maitres avaient acquise. Au lieu du relief fin,
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