l'evasement des hanches, la rondeur du ventre
sont exageres. Une arete presque tranchante dessine la ligne de la
cuisse et du tibia. Les pieds et les mains sont legerement agrandis.
Tout cela est le produit d'un calcul a la fois hardi et judicieux. Une
reduction mathematiquement exacte du modele n'est pas aussi heureuse
qu'on pourrait croire, lorsqu'il s'agit de sculpter en miniature. La
tete perd son caractere, le cou parait trop faible, le buste n'est plus
qu'un cylindre inegalement bossele, les extremites ne semblent plus
assez solides pour soutenir le poids du corps, les lignes principales ne
se demelent plus du chaos des secondaires. En supprimant le plus des
formes accessoires, et en developpant celles qui contribuent a
l'expression, les Egyptiens ont echappe au danger de ne faire que des
figurines insignifiantes. L'oeil rabat de lui-meme ce qu'il y a de trop
dans ce qu'il voit et suppose le reste. Grace a cette tricherie habile,
telle statuette de divinite, qui mesure a peine trois centimetres, a
presque l'ampleur et la gravite d'un colosse.
[Illustration: Fig. 205]
[Illustration: Fig. 206]
[Illustration: Fig. 207]
[Illustration: Fig. 208]
[Illustration: Fig. 209]
Le mobilier des dieux et celui des morts etaient pour une bonne part en
pierre solide et durable. J'ai signale ailleurs les petits obelisques
funeraires qui proviennent des tombes de l'ancien empire, les bases
d'autel, les steles, les tables d'offrandes. La mode etait de fabriquer
les tables en albatre ou en calcaire au temps des pyramides, en granit
ou en gres rouge sous les rois thebains, en basalte ou en serpentine, a
partir de la XXVIe dynastie; mais la mode n'avait rien d'obligatoire, et
l'on en trouve de toute pierre a toutes les epoques. Quelques-unes ne
sont que des disques plats ou creuses legerement en cuvette. D'autres
sont rectangulaires et etalent, a la partie superieure, des pains, des
vases, des quartiers de boeuf et de gazelle, des fruits sculptes en
relief. Dans celle de Sitou, la libation, au lieu de s'ecouler au
dehors, etait recueillie dans un bassin carre, divise en etages pour
montrer la hauteur de l'eau du Nil dans les reservoirs de Memphis, aux
differentes saisons, vingt-cinq coudees en ete pendant l'inondation,
vingt-trois en automne et au commencement de l'hiver, vingt-deux a la
fin de l'hiver et au printemps. Ces formes diverses pretent peu au beau;
une des tables de Saqqarah est pourtant une oeuvre veritable d'art. Elle
|