rnak etaient bardes d'electrum. "On les apercevait des deux rives du
Nil, et ils inondaient les deux Egyptes de leurs reflets eblouissants,
quand le soleil se levait entre eux, comme il se leve a l'horizon du
ciel." C'etaient des lames forgees a grands coups de marteau sur
l'enclume. Pour les objets de petite dimension, on se servait de
pellicules, battues entre deux morceaux de parchemin. Le musee du Louvre
possede un veritable livret de doreur, et les feuilles qu'il renferme
sont aussi fines que celles des orfevres allemands au siecle passe. On
les fixait sur le bronze au moyen d'un mordant ammoniacal. S'il
s'agissait de quelque statuette en bois, on commencait par coller une
toile fine ou par deposer une mince couche de platre, et l'on appliquait
l'or ou l'argent par-dessus ce premier enduit. Il est question de
statues en bois dore de Thot, d'Hor, de Nofirtoum, des le temps de
Kheops. Le seul temple d'Isis, dame de la pyramide, en renfermait une
douzaine, et ce n'etait pas l'un des plus grands dans la necropole
memphite. Les temples de Thebes paraissent en avoir possede des
centaines, au moins sous les dynasties conquerantes du nouvel empire, et
les sanctuaires ptolemaiques ne le cedaient pas en cela aux thebains.
[Illustration: Fig. 274]
Le bronze et le bois dore ne suffisaient pas toujours aux dieux: c'etait
de l'or massif qu'il leur fallait et on leur en donnait le plus
possible. Les rois de l'ancien et du moyen empire leur dediaient deja
des statues taillees en plein dans les metaux precieux. Les pharaons de
la XVIIIe et de la XIXe dynastie, qui puisaient presque a volonte dans
les tresors de l'Asie, rencherirent sur ce qu'avaient fait leurs
predecesseurs. Meme quand la decadence fut venue, on vit de simples
seigneurs feodaux continuer la tradition des grands regnes, et, comme
Montoumhit, prince de Thebes, remplacer les images en or et en argent,
que les generaux d'Ashshourbanipal avaient enlevees a Karnak, pendant
les invasions assyriennes. La quantite de metal ainsi consacree au
service de la divinite etait considerable. Si on y trouvait beaucoup de
figures hautes de quelques centimetres a peine, on en trouvait beaucoup
aussi qui mesuraient trois coudees et plus. Il y en avait d'un seul
metal, or ou argent; il y en avait qui etaient partie en or, partie en
argent; il y en avait enfin qui se rapprochaient de la statuaire
chryselephantine des Grecs, et ou l'or se combinait avec l'ivoire
sculpte, avec l'ebene,
|