particuliers et les rois des dynasties conquerantes
employaient ce qu'ils avaient de ressources et d'energie a se creuser
des hypogees. Les parois en etaient sculptees ou peintes, le sarcophage
etait taille dans un bloc immense de granit ou d'albatre ouvrage
finement; peu importait que le bois ou dormait la momie fut simplement
decore. Les Egyptiens de la decadence et leurs maitres n'avaient plus,
comme les generations qui les avaient precedes, la faculte de puiser
indefiniment dans les tresors de l'Egypte et des pays voisins. Ils
etaient pauvres, et la mediocrite de leur budget ne leur permettait pas
d'entreprendre de longs travaux: ils renoncerent, ou du moins presque
tous, a se preparer des tombes monumentales, et depenserent ce qui leur
restait d'argent a se fabriquer de belles caisses en bois de sycomores.
Le luxe de leurs cercueils n'est, en resume, qu'une preuve de plus a
joindre aux preuves deja nombreuses que nous avons de leur faiblesse et
de leur pauvrete. Lorsque les princes Saites eurent retabli, pour
quelques siecles, les affaires du pays, les sarcophages en pierre
reparurent et l'enveloppe en bois reprit quelque chose de la simplicite
des beaux temps; mais ce renouveau ne dura pas, et la conquete
macedonienne amena dans les modes funeraires la meme revolution
qu'autrefois la chute des Ramessides. On en revint a l'usage des caisses
doubles et triples, aux exces de peinture, aux dorures criardes;
l'habilete des manoeuvres d'epoque greco-romaine qui ont habille les
morts d'Akhmim pour leur derniere demeure est moindre, leur mauvais gout
ne le cede en rien a celui des fabricants de cercueils thebains qui
vivaient sous les derniers Ramses.
[Illustration: Fig. 253]
[Illustration: Fig. 254]
[Illustration: Fig. 255]
Le reste du mobilier funebre ne donnait pas aux menuisiers moins
d'ouvrage que les momies. On voulait des coffres de differente taille
pour le trousseau du mort, pour ses intestins, pour ses figurines
funeraires, des tables pour ses repas, des chaises, des tabourets, des
lits ou etendre le cadavre, des traineaux pour l'amener au tombeau, meme
des chars de guerre ou de promenade. Les coffrets ou l'on enfermait les
canopes, les statuettes funeraires, les vases a libations, sont divises
en plusieurs compartiments: un chacal accroupi est pose quelquefois
par-dessus et sert comme de poignee pour soulever le couvercle. Ils
etaient munis chacun d'un petit traineau, pour qu'on put les trainer sur
le sol
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