es des statuaires contemporains (Fig.254). Deux des
cercueils, ceux de la reine Nofritari et de sa fille Ahhotpou II, sont
de taille gigantesque et mesurent plus de 3 metres de haut. On dirait,
a les voir debout (Fig.255), une des cariatides qui ornent la cour de
Medinet-Habou, mais en plus petit. Le corps est emmaillote et n'a plus
que l'apparence indecise d'un corps humain. Les epaules et le buste sont
revetus d'un reseau en relief, dont chaque maille se detache en bleu sur
le fond jaune de l'ensemble. Les mains s'echappent de cette espece de
mantelet et se croisent sur la poitrine en serrant la croix ansee,
symbole de la vie. La tete est un portrait: face large et ronde, grands
yeux, expression douce et insignifiante, lourde perruque surmontee de la
coiffure et des longues plumes d'Amon ou de Mout. On se demande quel
motif a pousse les Egyptiens a fabriquer ces pieces extraordinaires.
Les deux reines etaient de petite taille et leur momie etait comme
perdue dans la cavite; il fallut les caler a grand renfort de chiffons
pour les empecher de ballotter et de se deteriorer. Grandeur a part, la
simplicite est le caractere de ces deux cercueils comme elle l'est des
autres cercueils royaux ou prives de cette epoque qui sont parvenus
jusqu'a nous. Vers le milieu de la XIXe dynastie, la mode changea. On ne
se contenta plus d'une seule caisse sobrement ornee: on voulut en avoir
deux, trois, meme quatre, emboitees l'une dans l'autre et couvertes de
peintures ou d'inscriptions. Souvent alors l'enveloppe exterieure est un
sarcophage a oreillettes carrees, a couvercle en dos d'ane, dont les
fonds, peints en blanc, sont charges de figures du mort, en adoration
devant les dieux du groupe Osirien. Lorsqu'elle a la forme humaine, elle
garde encore quelque chose de la nudite primitive: la face est coloriee,
un collier recouvre la poitrine, une bande d'hieroglyphes descend
jusqu'aux pieds; le reste est d'un ton uniforme, noir, brun ou jaune
sombre. Les caisses interieures etaient d'un luxe presque extravagant,
faces et mains rouges, roses, dorees, bijoux peints et parfois simules
au moyen de morceaux d'email incrustes dans le bois, scenes et legendes
multicolores, le tout englue de ce vernis jaune dont j'ai parle plus
haut. Le contraste est frappant entre l'abondance d'ornements qu'on
remarque a ces epoques et la sobriete des epoques anterieures: il faut
se rendre a Thebes meme, au lieu de la sepulture, pour en comprendre la
raison. Les
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