d'emaux, dont les teintes vives se detachent sur le ton mat de
l'or. Les momies du Fayoum etaient enduites de platre ou de stuc, ou
L'on incrustait les scenes et les legendes qu'on se contentait de
peindre partout ailleurs. Les plus grandes etaient composees de
plusieurs morceaux de verre, rapportes et retouches au ciseau a
l'imitation d'un bas-relief. Ainsi, la deesse Mait a les nus, la face,
les mains, les pieds, en bleu turquoise, la coiffure en bleu tres
sombre, la plume en filets alternativement bleus et jaunes, la robe en
rouge haricot. Sur le naos en bols, recemment decouvert dans le
voisinage de Daphne, et sur un fragment de cercueil du musee de Turin,
les hieroglyphes en verre multicolore ressortent directement sur le fond
sombre du bois. Le tout forme un ensemble d'un eclat et d'une richesse a
peine concevables. Verres filigranes, verres graves et tailles, verres
soudes, verres simulant le bois, la paille, la corde, les Egyptiens
n'ont rien ignore. J'ai eu entre les mains une regle carree, formee de
baguettes multicolores agglutinees, et dont la tranche laissait lire le
cartouche d'un des Amenemhat: le motif se prolongeait dans la masse, et,
a quelque endroit de la hauteur qu'on le coupat, le cartouche
reparaissait. Les verres a miniatures remplissent presque a eux seuls
une vitrine entiere du musee de Boulaq. Ici, c'est un singe a quatre
pattes, qui flaire un gros fruit pose a terre. La, un portrait de femme,
dessine de face, sur fond blanc ou vert d'eau encadre de rouge. La
plupart des plaques ne representent que des rosaces, des etoiles, des
fleurs isolees ou mariees en bouquet. Une des plus petites porte un
boeuf Apis, a la robe blanche et noire, debout, marchant: le travail en
est si delicat qu'il ne perd rien a etre examine a la loupe. La plupart
des objets de ce genre ne sont pas anterieurs a la premiere dynastie
saite; mais les fouilles executees a Thebes ont prouve que, des le Xe
siecle avant notre ere, le gout et, par suite, la fabrication des verres
multicolores etaient chose commune en Egypte. On a recueilli, a
Gournet-Murrai et a Sheikh-Abd-el-Gournah, non seulement les amulettes a
l'usage des morts, colonnettes, coeurs, yeux mystiques, hippopotames
debout sur leurs pattes de derriere, canards accouples, en pates bleues,
rouges, jaunes, melangees, mais des vases du type de ceux qu'on est
accoutume a considerer comme etant de travail phenicien et cypriote.
Voici, par exemple, une petite oenochoe en
|