eritable
monument, dont la construction mettait en branle une escouade d'ouvriers
(Fig.253). La mode en variait selon les epoques. Aux temps de l'empire
memphite et du premier empire thebain, on ne rencontre guere que de
grandes caisses rectangulaires, en bois de sycomore, a couvercle et a
fonds plats, composees de plusieurs pieces assemblees au moyen de
chevilles egalement en bois. Le modele n'en est pas elegant, mais la
decoration en est des plus curieuses. Le couvercle n'a pas de corniche.
Une longue bande d'hieroglyphes en occupe le milieu a l'exterieur;
tantot simplement tracee a l'encre ou a la couleur, tantot sculptee a
meme le bois, puis remplie de pate bleuatre, elle ne contient que le
nom et le titre du defunt, parfois une courte formule de priere en sa
faveur. La surface interieure est enduite d'une couche epaisse de stuc,
ou blanchie au lait de chaux: on y inscrivait d'ordinaire le chapitre
XVII du _Livre des Morts_, aux encres rouge et noire et en beaux
hieroglyphes cursifs. La cuve consiste en huit planches verticales,
disposees deux a deux, pour les parois, et en trois planches
horizontales pour le fond. Elle est decoree quelquefois, a l'exterieur,
de grandes rainures prismatiques terminees en feuilles de lotus
entre-croisees, comme celles qu'on rencontre sur les sarcophages en
pierre. Le plus souvent elle est ornee, sur la gauche, de deux yeux
grands ouverts et de deux portes monumentales, sur la droite, de trois
portes, en tout semblables a celles qu'on voit dans les hypogees
contemporains. Le cercueil est en effet la maison propre du mort, et,
comme tel, il doit presenter sur ses faces un resume des prieres et des
tableaux qui s'espacaient sur les murs de la tombe entiere. Les formules
et les representations necessaires sont ecrites et illustrees a
l'interieur, presque dans le meme ordre ou nous les trouvons au fond des
mastabas. Chaque paroi est divisee en trois registres, et chaque
registre contient ou bien une dedicace au nom du mort, ou bien la figure
des objets qui lui appartiennent, ou bien les textes du Rituel qu'on
recitait a son intention. Le tout agence habilement, sur un fond imitant
assez exactement le bois precieux, forme un tableau d'un trait hardi et
d'une couleur harmonieuse. Le menuisier n'avait que la moindre part au
travail, et les longues boites ou l'on enfermait les morts les plus
anciens n'exigeaient pas de lui une grande habilete. Il n'en fut pas de
meme des qu'on s'avisa de donne
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