elle produit sont-ils impropres a la sculpture. Les deux especes les
plus repandues, le palmier et le doum, sont d'une fibre grossiere et par
trop inegale. Quelques varietes de sycomore et d'acacia ont seules un
corps dont le grain souple et fin se prete au travail du ciseau. Le bois
n'en etait pas moins la matiere favorite des sculpteurs qui voulaient
faire vite et a bon marche. Ils le choisissaient parfois pour des
oeuvres d'importance, telles que les supports du double, et nous jugeons
par le Sheikh-el-beled de quelle hardiesse et de quelle ampleur ils
savaient le traiter. Mais les billots ou les poutres dont ils
disposaient avaient rarement la longueur et la largeur suffisante pour
qu'on en tirat une statue d'une seule piece. Le Sheikh-el-beled
lui-meme, qui cependant n'est pas de grandeur naturelle, est un
assemblage de morceaux tenus par des chevilles carrees. On s'accoutuma
donc a ramener les sujets qu'on voulait executer en bois a des
proportions telles qu'on put les tailler tout entiers dans un meme bloc;
sous les dynasties thebaines, les statues d'autrefois sont devenues des
statuettes. L'art ne perdit rien a cette decroissance, et plus d'une
parmi ces figurines est comparable aux plus beaux ouvrages de l'ancien
empire. La meilleure peut-etre est au musee de Turin, et appartient a la
XXe dynastie. Elle represente une fillette sans vetement qu'une ceinture
etroite passee sur les reins. Elle est encore a cet age indecis ou le
sexe n'est pas developpe et ou les formes tiennent a la fois du garcon
et de la femme. La tete est d'une expression douce et mutine: c'est, a
trente siecles de distance, le portrait de ces gracieuses filles
d'Elephantine qui se promenent nues sous le regard des etrangers, sans
gene et sans impudeur. Trois petits hommes du musee de Boulaq sont
probablement contemporains de la figurine de Turin. Ceux-la sont revetus
du costume d'apparat et ce n'est que justice, car l'un d'eux etait le
favori du roi, Hori, surnomme Ra. Ils marchent droit, d'un mouvement
calme et mesure, le buste bien efface, la tete haute: l'expression de
leur physionomie est maligne et rusee. Un officier (Fig.238), qui a
pris sa retraite au Louvre, est en demi-costume militaire du temps
d'Amenhotpou III et de ses successeurs: perruque legere, sarrau collant
a manches courtes, pagne bridant sur la hanche, descendant a peine
jusqu'a mi-cuisse et garni sur le devant d'une piece d'etoffe bouffante,
gaufree dans le sens de la longue
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