au ventre rebondi, garnis au cou d'un leger rebord
cylindrique et d'un couvercle plat (Fig.214). Les Egyptiens y mettaient
la poudre d'antimoine avec laquelle ils se noircissaient les sourcils et
les yeux. Cet etui a kohol etait un des objets de toilette le plus
repandu, le seul peut-etre dont l'usage fut commun a toutes les classes
de la societe. La fantaisie s'en melant, on lui donna toute sorte de
formes empruntees a l'homme, aux plantes, aux animaux. C'est un lotus
ouvert, un herisson, un epervier, un singe serrant une colonne contre sa
poitrine ou grimpant le long d'une jarre, une figure grotesque du dieu
Bisou, une femme agenouillee dont le corps evide contenait la poudre,
une jeune fille qui porte une amphore. L'imagination des artistes une
fois lancee dans cette voie ne connut plus de limites, et tout leur fut
bon, le granit, le diorite, la breche et le jade rose, l'albatre, puis
le calcaire tendre, dont le grain se pretait mieux a rendre leurs
caprices, puis une substance plus complaisante et plus souple encore, la
terre peinte et emaillee.
[Illustration: Fig. 210]
[Illustration: Fig. 211]
[Illustration: Fig. 212]
[Illustration: Fig. 213]
[Illustration: Fig. 214]
Si l'art de modeler et de cuire la terre ne s'est pas developpe aussi
pleinement en Egypte qu'il a fait en Grece, ce n'est pas faute de
matiere premiere. La vallee du Nil fournit en abondance une argile fine
et ductile, dont on aurait pu tirer le plus heureux parti si on s'etait
donne la peine de la preparer avec soin; mais on lui prefera toujours
les metaux et la pierre dure pour les objets de luxe, et le potier se
contenta de fournir aux besoins les plus communs du menage ou de la vie
courante. La terre etait prise sans choix, a l'endroit meme ou l'ouvrier
se trouvait pour le moment, mal lavee, mal petrie, puis faconnee au
doigt, sur un tour en bois des plus primitifs, qu'on manoeuvrait avec la
main. La cuisson etait fort inegale. Certaines pieces ont ete a peine
exposees a la flamme et fondent au contact de l'eau; d'autres ont la
durete de la tuile. Les tombes de l'ancien empire renferment chacune
quelques vases d'une pate jaune ou rouge, melee souvent, comme celle des
briques, de paille ou d'herbe finement hachee. Ce sont des jarres de
forte taille, sans pied, ni anse, a la panse ovoide, au col bas, a
l'orifice largement ouvert et borde d'un bourrelet, des marmites et des
pots de menage ou l'on emmagasinait les provisions du mort, des coupes
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