etre aussi, les artistes
n'aimaient-ils pas une position qui faisait ressembler leurs modeles a
des paquets cubiques surmontes d'une tete humaine. Les sculpteurs de
l'epoque saite n'eurent pas la meme repugnance a en user que leurs
predecesseurs. Du moins ont-ils combine l'action des membres de telle
facon, qu'elle ne choque pas trop nos yeux et cesse presque d'etre
disgracieuse. Les tetes sont d'ailleurs d'une perfection qui rachete
bien des defauts. Quelques-unes sont evidemment idealisees: celle de
Pedishashi (Fig.200) a une expression de jeunesse et de douceur
spirituelle qu'on n'est pas habitue a rencontrer sous le ciseau d'un
Egyptien. D'autres, au contraire, sont d'une sincerite brutale. Les
rides du front, la patte d'oie, les plis de la bouche, les bosses du
crane, sont accuses avec une complaisance scrupuleuse sur la petite tete
de scribe que le Louvre a recemment achetee (Fig.201), et sur celle que
possede le prince Ibrahim au Caire. L'ecole saite etait, en effet,
partagee entre deux partis differents. L'un cherchait ses modeles dans
le passe et s'efforcait de renouveler l'art amolli de son temps par un
retour aux procedes des plus anciennes ecoles memphites: elle y reussit,
et si bien, qu'on a confondu parfois ses oeuvres avec les oeuvres les
plus fines de la IVe et de la Ve dynastie. L'autre, sans s'ecarter trop
ouvertement de la tradition, etudiait de preference le vif et se
rapprochait de la nature plus qu'on ne l'avait fait jusqu'alors.
Peut-etre l'aurait-il emporte, si la conquete macedonienne et le contact
prolonge des Grecs n'avaient detourne l'art egyptien vers des voies
nouvelles. Le mouvement fut lent d'abord a se produire. Les sculpteurs
habillerent les successeurs d'Alexandre a l'egyptienne et les
transformerent en Pharaons, comme ils avaient fait avant eux les Hyksos
et les Perses. Les pieces qu'on peut attribuer au regne des premiers
Ptolemees ne different presque pas de celles de la bonne epoque saite,
et c'est a peine si on remarque ca et la des traces d'influence grecque:
ainsi le colosse d'Alexandre II, a Boulaq (Fig.202), est coiffe d'une
etoffe flottante d'ou s'echappent des boucles frisees. Bientot pourtant,
la vue des chefs-d'oeuvre de la Grece determina les Egyptiens
d'Alexandrie, de Memphis et des grandes villes du Delta a modifier leur
maniere de proceder. Une ecole mixte s'etablit, qui combina certains
elements de l'art indigene avec d'autres elements empruntes a l'art
hellenique. L'I
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