delicat, peu eleve, ils adopterent un relief tres saillant au-dessus du
fond, mais d'une rondeur molle et d'un modele sans vigueur. Les yeux
sourient niaisement, l'aile du nez se releve; la commissure des levres,
le menton, tous les traits du visage sont tires et semblent vouloir
converger vers un meme point central, qui est place au milieu de
l'oreille. Deux ecoles, independantes l'une de l'autre, nous ont legue
leurs oeuvres. La moins connue florissait en Ethiopie, a la cour des
rois a demi civilises qui residaient a Meroe. Un groupe, venu de Naga en
1882 et conserve a Boulaq, nous montre ou elle en etait arrivee au 1er
siecle de notre ere (Fig.204). Un dieu et une reine, debout cote a
cote, sont ebauches tant bien que mal dans un bloc de granit gris.
L'oeuvre est fruste, lourde, mais ne manque pas de fierte et d'energie.
L'ecole qui l'avait produite, isolee et comme perdue au milieu de
peuplades sauvages, tomba rapidement dans la barbarie et succomba
probablement vers la fin du siecle des Antonins. L'Egyptienne se soutint
quelque temps encore a l'abri de la domination romaine. Les Cesars, non
moins avises que les Ptolemees, savaient qu'en flattant les sentiments
religieux de leurs sujets egyptiens, ils assuraient leur domination sur
la vallee du Nil. Ils firent restaurer ou rebatir a grands frais les
temples des dieux nationaux, sur les plans et dans l'esprit d'autrefois.
Thebes avait ete detruite par le tremblement de terre de l'an 22 avant
J.-C. et n'etait plus pour eux qu'un lieu de pelerinage ou les devots
venaient ecouter la voix de Memnon, au lever de l'aurore. Mais Tibere
et Claude acheverent la decoration de Denderah et d'Ombos, Caligula
travailla a Coptos, les Antonins a Philae et a Esneh. Les escouades de
manoeuvres qu'on employait en leur nom en savaient encore assez pour
tracer des milliers de bas-reliefs selon les regles d'autrefois. Ce
qu'ils faisaient est mou, disgracieux, ridicule; la routine seule
guidait leur ciseau: c'etait la tradition antique, affaiblie et
degeneree si l'on veut, mais vivante encore et capable de ce
renouvellement. Les troubles qui eclaterent au milieu du IIIe siecle,
les incursions des Barbares, les progres et le triomphe du christianisme
amenerent la suspension des derniers travaux et la dispersion des
derniers ouvriers: ce qui restait de l'art national mourut avec eux.
[Illustration: Fig. 197]
[Illustration: Fig. 198]
[Illustration: Fig. 199]
[Illustration: Fig. 200]
[Ill
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